177 personnes périrent dans l’explosion de l’usine, si violente qu’on l’entendit à 32 km de là, à Luçon, en Vendée. 138 personnes furent gravement blessées, sans compter les coupures entraînées par l’explosion des vitres des maisons à La Rochelle, jusqu’aux vitraux de la cathédrale.

La censure instaurée pendant la Première Guerre mondiale interdit à l’époque la publication du rapport d’enquête sur l’explosion. On sait depuis que l’usine, à la faveur de la guerre, avait pu produire en escamotant toute enquête de sécurité. On sait aussi qu’un incendie avait précédé l’explosion, pendant vingt minutes, mais que la direction n’avait pas évacué le personnel, arguant que les ingrédients des explosifs devaient brûler sans exploser.

Jacques Vandier, le patron de l’usine, qui avait commencé dans le textile puis fait fortune grâce aux commandes de guerre, allait continuer une brillante carrière après l’explosion, devenant administrateur de la société Ferodo, équipementier automobile d’envergure mondiale aujourd’hui connu sous le nom de Valeo, qui utilisait l’amiante notamment pour la fabrication de freins.

Un siècle après, les ports de La Pallice et Chef-de-Baie concentrent des sites classés Seveso seuil haut pour leur dangerosité : cuves d’hydrocarbures Picoty et SDLP, usine d’engrais Gratecap, usine Solvay ; sans compter les silos à grain de Soufflet et Sica et les entrepôts des cognacs Godet dans un quartier voisin. Les riverains sont à juste titre inquiets et mobilisés contre les dangers que leur font courir ces sites.