Grèce : une austérité sans fin11/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2493.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : une austérité sans fin

Le 9 mai, les députés de Syriza et ceux des Grecs indépendants (ANEL), associés au gouvernement d’Alexis Tsipras, ont voté les dernières mesures d’austérité exigées par l’Union européenne et le FMI.

Cela fait six ans que le même scénario se répète, à quelques variantes près. Les créanciers sont les mêmes : le Fonds monétaire international et les institutions européennes – la Banque centrale européenne (BCE), le Mécanisme européen de stabilité et l’Union européenne. Il s’agit pour eux d’obliger le gouvernement grec à faire payer sa population, en théorie pour rembourser sa dette. La population paie... et la dette s’accroît.

Les dernières mesures réforment, en pire le système fiscal et celui des retraites. Mais les créanciers, le FMI en particulier, viennent de découvrir que cela ne suffit pas. Pour 2018, le gouvernement grec est mis en demeure de réaliser un excédent budgétaire de 3,5 %. En réalité, cet objectif est impossible à atteindre et les créanciers le savent. Ils s’apprêtent pourtant à réclamer l’ajout de mesures préventives, non prévues dans l’accord d’août 2015, à appliquer automatiquement au cas où le gouvernement ne réaliserait pas les économies exigées.

Les créanciers pourraient ensuite envisager de discuter de l’allègement de la dette, dans un avenir indéterminé. Et surtout ils pourraient finaliser, mais sans doute pas avant le 24 mai, le versement d’une nouvelle tranche du prêt promise depuis longtemps. Elle devrait servir en particulier à rembourser en juillet 2,3 milliards d’euros à la BCE et 400 millions au FMI.

De délai en délai, de réunion en réunion, non seulement les États européens et le FMI remettent sans cesse la finalisation de ce plan de 2015, mais ils sont tous d’accord pour envisager ce qui ressemble… à un quatrième plan. Les créanciers n’ont rien d’autre à imposer que ces exigences, plus politiques encore qu’économiques : c’est une extorsion de fonds sans fin, une leçon pour tous les peuples qui voudraient échapper à la dictature des banques.

Lors du vote du nouveau plan d’austérité par le Parlement, les syndicats ont appelé à deux jours de grève générale et à des manifestations dans de nombreuses villes. Même si les cortèges ont été moins fournis qu’au début février, la grève a été bien suivie, surtout dans le secteur public. Les transports en commun, métro, tram, train, ont été paralysés. Les marins ont appelé à quatre jours de grève, bloquant la liaison avec les îles.

Malgré la situation matérielle de plus en plus difficile et la démoralisation qu’elle entraîne, malgré un gouvernement qui cède à toutes les exigences des créanciers tout en prétendant que « des jours meilleurs arrivent », une partie des travailleurs continuent à se mobiliser. C’est dans cette voie que se trouve la seule réponse possible.

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