- Accueil
- Lutte ouvrière n°2493
- Canada : incendies en pleine jungle pétrolière
Dans le monde
Canada : incendies en pleine jungle pétrolière
De gigantesques feux ravagent la province de l’Alberta, dans une région située au cœur de l’industrie pétrolière canadienne, la plus grande zone de production mondiale de sables bitumineux. S’il n’y a eu aucun mort recensé jusqu’à présent, ce n’est sûrement pas à cause du souci que les compagnies pétrolières portent à leurs employés.
Les 80 000 résidents de Fort McMurray ont été évacués, ainsi que certains sites pétroliers ; mais pas tous. Ainsi, Radio-Canada a relayé les déclarations de travailleurs de la compagnie pétrolière Canadian Natural Resources Limited, localisée au nord de Fort McMurray, qui disaient être retenus à leur poste malgré l’incendie. L’un d’eux a témoigné à la radio : « Ce matin, quand on s’est levé, on avait de la misère à voir à 75-100 pieds en avant (25-30 mètres). Le site est paralysé, on est quelque 1 000 travailleurs. » Il a ajouté que ceux-ci commençaient à avoir mal aux yeux et à vomir.
L’épouse d’un autre employé du même site, jointe par la même radio, a confirmé la situation. « Ce matin, la situation est critique ! (…) Ils leur demandent de continuer à travailler dans une situation extrême », a-t-elle dit. Plus tard, elle a expliqué que son époux avait pu quitter le site, mais en donnant sa démission avant. La compagnie, elle, justifiait son refus d’évacuer en prétextant l’absence d’avis d’évacuation obligatoire.
Fort McMurray est surnommée « For Make Money » (« pour se faire de l’argent »). Car dans cette région, où les compagnies pétrolières emploient directement ou indirectement une personne sur dix, il n’est pas rare de travailler dix heures par jour, sept jours sur sept. Le pétrole et surtout l’exploitation intensive des salariés sont la source des profits faramineux tirés de cette région. Dans ce Far West, le capitalisme est au moins aussi dangereux que les flammes.