Oui, ça va mieux… pour le patronat20/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2490.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Oui, ça va mieux… pour le patronat

Les quatre années du mandat de Hollande ont été marquées par la hausse continue du chômage et l’aggravation de la condition ouvrière. Mais Hollande est content de lui.

Jeudi 14 avril, à la télévision, il est allé jusqu’à dire que « ça va mieux ». Selon lui, « il y a plus de croissance, moins de déficit, moins d’impôts, il y a plus de compétitivité, plus de marges pour les entreprises » et même, il y aurait « plus de pouvoir d’achat pour les salariés » !

Ceux qui viennent d’être licenciés ou qui sont en train de l’être, apprécieront ! Les six millions de femmes et d’hommes qui cherchent désespérément un emploi apprécieront. Les ouvriers et les employés qui s’enfoncent dans l’endettement, tous ceux dont le salaire ou les primes ont baissé, apprécieront.

Il y a eu 1,1 % de croissance en 2015 et il y en aura peut-être 1,6 % en 2016, mais qu’est-ce que cela changera pour la grande majorité des classes populaires ? Il faudrait que les travailleurs se réjouissent parce que les marges et la compétitivité ont augmenté ?

Cette amélioration des affaires et des bénéfices s’est faite par les suppressions d’emplois, par l’explosion de la précarité, par l’augmentation de l’exploitation. Les travailleurs qui ont subi les plans de compétitivité et ont sacrifié leurs congés, une partie de leur salaire, leur santé et leur vie de famille savent ce que cela leur a coûté. Et comment ont-ils été récompensés ? Par l’exigence de nouveaux sacrifices !

Tous ces discours sur la reprise ne valent rien pour les travailleurs. Quelques jours auparavant, les chantiers STX de Saint-Nazaire ont rendu publique une commande de quatre paquebots pour quatre milliards d’euros. Ont-ils annoncé des embauches ? Se sont-ils engagés à transformer en CDI quelques-uns des 4 000 emplois en intérim ou de travailleurs détachés ? Non ! Les salariés vont avoir du travail par-dessus la tête mais la direction n’embauchera et ne paiera en conséquence que si les travailleurs se battent pour cela.

Quant à la réduction des déficits, dont Hollande est si fier, elle a été payée par des suppressions d’emplois dans la fonction publique, dans les hôpitaux notamment, et par des coupes drastiques dans les départements et les municipalités, par le renchérissement de tous les services publics.

Est-ce mieux pour le personnel hospitalier qui doit désormais travailler plus ? Est-ce mieux pour les malades qui sont poussés vers la sortie de plus en plus vite au nom du « développement des soins ambulatoires » ? Est-ce mieux pour les familles qui ne peuvent plus inscrire leurs enfants à la cantine parce que les municipalités sont mises au régime sec ? Même la Croix-Rouge est en train de supprimer 1 000 emplois parce qu’elle a subi des baisses de subventions !

« Ça va mieux », mais les coups pleuvent sur les travailleurs. Les cheminots sont confrontés à une attaque en règle contre leurs conditions de travail, avec, dans la même veine que la loi El Khomri, la flexibilité forcée.

Les chômeurs dont les allocations sont rediscutées en ce moment risquent de se retrouver avec des indemnités plus faibles. Dans presque toutes les grandes firmes, les salariés sont confrontés encore et toujours à des restructurations.

Et ce que Hollande est en train de concocter avec la loi El Khomri ne sera pas mieux, mais pire pour tous les travailleurs. Pire, parce que les patrons qui s’autorisaient déjà beaucoup de choses pourront aller encore plus loin en imposant leurs propres règles dans leur entreprise. Pire, parce que les licenciements seront facilités. Alors, il faut que la colère accumulée dans le monde du travail éclate.

La bourgeoisie et une petite minorité d’actionnaires et de riches parasites se portent très bien. Mais l’écrasante majorité de la population est composée de travailleurs et de leur famille, qu’ils soient au travail, au chômage ou à la retraite. Ils sont une majorité qui produit les richesses et porte la société sur ses épaules. Il faut qu’elle s’exprime, se manifeste, conteste.

Il faut que le monde du travail s’oppose au grand patronat, aussi arrogant qu’insatiable. Il faut qu’il s’oppose à ce gouvernement aussi antiouvrier que tous les gouvernements de droite.

Les précédentes manifestations contre la loi El Khomri ont montré qu’une fraction des travailleurs ne veut plus se taire et n’accepte plus de se laisser faire. Il faut que ce ne soit qu’un début. Le 28 avril sera une nouvelle occasion pour que les travailleurs se mobilisent et retrouvent confiance en leur force collective. C’est ce qui sera décisif s’ils veulent peser sur la vie politique et changer leur vie.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 18 avril 2016

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