Hollande à la télévision : au service du patronat20/04/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/04/p5_Dessin_Lupo_ventriloque.png.420x236_q85_box-0%2C116%2C256%2C260_crop_detail.png

Leur société

Hollande à la télévision : au service du patronat

Bien des téléspectateurs, surtout dans les milieux populaires, ont boudé la mauvaise série programmée par France 2, jeudi soir 14 avril, pour servir de faire valoir à Hollande. Moitié moins de présents devant les postes que lors de sa dernière prestation en novembre 2014.

Illustration - au service du patronat

Et pourtant tout avait été bien préparé entre France 2 et l’Élysée. Le nouveau directeur de l’information, Michel Field, avait veillé personnellement au grain, à tel point que des journalistes, pourtant bien peu contestataires, s’en étaient émus. Supprimée l’intervention de la syndicaliste de chez Doux en Bretagne, connue pour sa gouaille et qui devait parler des désastres qu’entraînerait la loi travail pour les salariés. La contestation de centaines de milliers de travailleurs qui s’exprime dans le pays était donc interdite d’antenne !

Le casting avait été bien préparé pour aider ­Hollande à se faire passer pour « le protecteur de la nation » et présenter ses réformes réactionnaires comme modérées. En entrée, la patronne d’une entreprise de plus de 100 salariés, plus vraie que nature, protestait contre le risque de ne plus pouvoir avoir des stagiaires non payés dont elle usait sans vergogne, ou encore de ne plus pouvoir faire des contrats CDD à répétition de quelques heures par semaine. Hollande a ainsi pu faire sa publicité en direction de ce milieu patronal qui en veut toujours plus. Il a rappelé les 34 milliards qu’il va distribuer aux entreprises cette année, en oubliant de préciser que cela fera 41 milliards en 2016. Mais il a osé dire à propos de ces cadeaux : « Ce n’est pas pour les patrons, ni pour les chefs d’entreprise, mais pour les salariés » !

Personne n’a demandé à Hollande en quoi l’augmentation des dividendes distribués aux actionnaires pendant que les salaires sont bloqués, ce qui a été et va continuer à être la destination de ces milliards, pouvait être bénéfique aux salariés. Personne ne l’a contredit quand il a présenté sa loi travail et la destruction des droits des travailleurs qu’elle contient comme une mesure modérée et « équilibrée » face à l’appétit de cette patronne.

Cependant, la manipulation si bien préparée a tourné au fiasco pour Hollande avec l’intervention d’un chauffeur d’autocar, ancien électeur socialiste et qui vote aujourd’hui pour le Front national. Face à lui, Hollande voulait sans doute apparaître comme le meilleur barrage possible à l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir. Mais voilà que ce chauffeur de car a beaucoup plus parlé en tant que travailleur trahi par tous les politiciens, et en premier le PS, que comme partisan des thèses réactionnaires de Le Pen. Il a d’abord protesté contre les fermetures d’usines, les licenciements, les difficultés à vivre pour les travailleurs, en prenant l’exemple de sa mère qui doit vivre avec une retraite misérable après quarante-deux ans de travail.

Sur ces angoisses du monde du travail, ­Hollande n’avait rien à dire. Concernant les licenciements et les fermetures d’entreprises, il a déclaré qu’ils sont dans l’ordre des choses, ajoutant : « Je ne vous dirai jamais que je les empêcherai »... Quant à la retraite misérable de la mère de cet invité de l’émission il a fallu que Hollande réponde par un gros mensonge, en disant que, grâce à lui, elle aurait pu partir plus tôt, alors que les retraites pour carrière longue ont été instituées par Fillon pour faire passer le premier recul sur les retraites en 2003. Hollande, lui, a encore rallongé le temps nécessaire pour pouvoir partir à la retraite pour tous, y compris pour les carrières longues. Et quand ce salarié lui a déclaré : « Je ne suis pas raciste, je ne partage pas tout ce qui dit le Front national, mais je veux exprimer ma colère », Hollande n’avait rien à lui dire.

La réponse à la désorientation politique de ce travailleur et de bien d’autres ne peut évidemment venir de ce politicien roublard, ni d’ailleurs d’aucun autre défenseur du système. Le leitmotiv de Hollande au cours de l’émission était : cela va mieux. Parmi les travailleurs et les couches populaires, personne ne pouvait le croire.

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