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Leur société
Procès Xynthia : les principaux responsables n’ont pas comparu
Les inondations de la tempête Xynthia avaient tué 29 personnes à La Faute-sur-Mer en Vendée dans la nuit du 27 au 28 février 2010, et 53 au total en France. En décembre 2014, le maire de la ville avait été condamné à quatre ans de prison ferme pour s’être opposé à l’instauration d’un plan de prévention des risques d’inondation.
La première adjointe, accusée d’avoir signé des permis de construire irréguliers, sachant qu’ils étaient en zone inondable, « par appât du gain » d’après les termes du parquet, avait été condamnée à deux ans ferme et 75 000 euros d’amende, et le fils de celle-ci, agent immobilier, à dix-huit mois ferme. Mais toutes ces peines de prison ferme viennent d’être annulées par la cour d’appel de Poitiers.
« C’est ignoble » ; « On laissera les maires demain bâtir en zone inondable », ont réagi à juste titre des familles de victimes dans la presse. Les entreprises qui, en première instance, avaient été jugées coupables d’enrichissement par des ventes en zone inondable, ainsi que les élus qui leur étaient liés, convaincus de conflit d’intérêt, c’est-à-dire d’avoir favorisé ces entreprises détenues par des proches, ont même été relaxés. Seul le maire a été condamné à de la prison avec sursis.
Mais, comme souvent, les responsabilités les plus grandes incombaient à des personnes qui n’étaient même pas dans le box des accusés. En se limitant au cas de La Faute-sur-Mer, où les élus locaux étaient mis en cause pour leur rôle direct, le procès en première instance comme celui en appel évitaient de juger sur le fond les responsables d’économies criminelles en matière de prévention. Cela aurait impliqué jusqu’aux dirigeants politiques qui, au plus haut niveau, ont réduit les moyens des services de l’Équipement, qui ont laissé l’entretien des digues à la charge des collectivités locales. Cela peut être parfois des communes pauvres comme dans le nord de la Charente-Maritime, ou encore des agriculteurs qui se sont trouvés propriétaires d’une digue.
Quant au motif de la nouvelle condamnation du maire de La Faute-sur-Mer, le refus d’un plan de prévention, il devrait être invoqué à bien plus forte raison vis-à-vis des responsables nationaux. Car les services de l’État, sans même parler de l’entretien des digues, n’avaient pas même entrepris un réel inventaire des digues existantes, de leur hauteur, des seuils de submersion de chacune, des hauteurs de marées à partir desquelles elles seraient submergées. Pour cette raison, même une fois les chiffres de hauteur de la mer (résultat combiné des coefficients de marées et des effets barométriques) annoncés par les services météo, les habitants n’ont pas pu être avertis que leur habitation allait être engloutie. C’est cela aussi qui est criminel, à une époque où les GPS permettent d’effectuer très simplement de tels relevés et où le principal problème n’est pas technique mais, celui des moyens humains affectés à ces tâches.
Cinq ans après Xynthia, en juillet 2015, un rapport sénatorial révélait que, sur 76 km de digues sur lesquels des travaux avaient été programmés après la catastrophe, seuls 8 km avaient été réalisés, en en faisant supporter les coûts aux collectivités locales.
Non seulement le dernier procès peut à juste titre être ressenti comme une insulte par les familles des victimes, mais tout aussi insultant pour les morts est le fait que les mesures élémentaires de prévention nécessaires pour empêcher de telles catastrophes dans l’avenir se font toujours attendre.