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Croix-Rouge : emplois supprimés pour cause d’austérité
Mercredi 30 mars, des salariés de la Croix-Rouge venus de toute la France et même de Guyane manifestaient devant le siège de cette institution à Paris, pour protester contre la menace de 1 000 suppressions d’emplois.
De multiples secteurs sont touchés : les centres administratifs de Marseille, Aix et Arles seraient supprimés et la direction propose aux salariés d’éventuelles mutations en région parisienne, ce qui ne tente pas grand-monde. 30 personnes sur Aix et 30 sur Marseille risquent d’être licenciées.
La Croix-Rouge en effet n’est pas seulement une structure de bénévoles pour les secours d’urgence. Ce sont aussi 18 000 salariés qui font fonctionner 600 centres de soins, de dépistage, de rééducation fonctionnelle, des foyers d’accueil pour personnes en difficulté, des services d’aide à domicile... Ils ont une mission de santé publique indispensable.
L’institution fonctionne avec des dons, mais aussi avec des subventions et, pour les centres de soins, un financement des Agences régionales de santé. Aujourd’hui, comme dans les hôpitaux et dans la plupart des services publics, la rigueur est imposée, les financements diminuent.
La Croix-Rouge prévoit donc de se débarrasser des sept services d’aide et d’accompagnement à domicile pour personnes âgées ou en situation de handicap (SAAD), sur les 27 qu’elle gère. Des repreneurs se sont présentés, mais quelles sont les garanties de maintien de l’emploi, de conditions de salaire, quelles seront les indemnités ? Les employés n’en savent pas grand-chose mais, les économies étant la principale raison de ces restructurations, l’inquiétude règne.
Déjà en 2013 la direction de la Croix-Rouge a revu les accords collectifs à la baisse, prétendument pour « sauver la branche domicile », et tous ses salariés ont dû se serrer la ceinture, mais aujourd’hui la moité des emplois des aides à domicile sont menacés et des plans sociaux sont imposés.
À Hendaye, sous la pression de l’Agence régionale de santé (ARS), la Croix-Rouge cède deux établissements, repris par une association qui s’est empressée de fermer des lits d’adultes et de modifier les horaires au détriment des salariés.
D’autres structures ferment carrément, d’autres encore sont menacées de l’être. Vendues ? Cédées ? Fermées ? Le devenir de toutes ces structures est flou, les salariés, les usagers et les patients ne savent pas ce qu’ils vont devenir. Ce qui est certain, c’est que toutes ces structures sont utiles et que depuis de nombreuses années le personnel travaille au mieux pour assurer ses missions auprès de personnes en difficulté. Le temps d’attente sur les listes pour une place en IME (institut médico-éducatif) se chiffre en mois, voire en années, on manque cruellement de structures pour accueillir les enfants autistes. Ce n’est pas le moment de diminuer le nombre de places.
Certes, la Croix-Rouge donne comme raison à ces restructurations et suppressions d’emplois la baisse des subventions et des crédits. C’est un problème bien réel mais, au lieu de protester contre ces baisses de crédits et de défendre ses employés et ses usagers, ce pour quoi elle aurait tout le soutien de l’opinion publique, elle se retourne contre eux et veut priver les uns de leur emploi et les autres de leurs soins.
Le déficit budgétaire de la Croix-Rouge pour 2015 se chiffrerait à 17 millions d’euros, ce qui d’après un cabinet d’audit représente seulement 1 % du chiffre d’affaires. C’est, à l’échelle des besoins en soins de la population, une somme minime, quand le prix d’un seul avion Rafale est de l’ordre de 100 millions d’euros.
Les salariés n’ont aucune raison de se laisser faire, et il n’y a aucune raison que la Croix-Rouge se fasse la simple courroie de transmission d’une politique d’austérité, au détriment de la santé et des besoins de la population.