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Abattoir de Mauléon : inhumain avec les animaux… et avec les hommes
Fin mars, une vidéo tournée en cachette à l’abattoir public de Mauléon, au Pays basque, a fait scandale. Les images, rendues publiques par une association militant pour le végétalisme, montrent que certains animaux sont saignés alors qu’ils sont encore conscients, ce qui est non seulement cruel mais illégal, ou qu’ils sont inutilement maltraités.
Suite à la diffusion de cette vidéo, Stéphane Le Foll a annoncé des inspections systématiques de tous les abattoirs en France dans un délai d’un mois. Il n’a en revanche pas dit avec quels moyens, alors que les services vétérinaires sont débordés du fait des réductions de postes : ils ont perdu 250 postes entre 2007 et 2011, passant de 1 650 agents à 1 400.
En outre, Le Foll sait pertinemment que le problème ne se situe pas dans les contrôles de ce type. En effet, dans un abattoir comme celui de Mauléon, il y a en permanence un vétérinaire-inspecteur, qui a le pouvoir d’arrêter la production s’il juge que les règles d’hygiène et de protection animale ne sont pas respectées. Mais, bien souvent, la pression pour la productivité fait passer la protection animale au second plan. Les inspecteurs se focalisent sur la recherche de maladie sur les animaux vivants, puis sur les carcasses, et ne se rendent qu’irrégulièrement dans la partie de l’abattoir où les bêtes sont mises à mort.
Le Foll a également annoncé que tout abattoir devrait désormais avoir un représentant de la protection animale. Ce système, qui existe déjà dans les plus gros abattoirs, consiste à sensibiliser un salarié volontaire afin qu’il diffuse de bonnes pratiques autour de lui. Mais, ce salarié n’ayant aucun moyen d’imposer quoi que ce soit, il y a peu de chances qu’il puisse s’opposer à la course à la productivité qui finit par entraîner des comportements choquants.
À Mauléon, le directeur de l’abattoir lui-même a dû reconnaître que les cadences très élevées avaient une lourde responsabilité dans les dérives qui se produisent aux postes d’abattage, postes qui sont par nature durs et éprouvants.
Mais, dans cette affaire, c’est finalement la direction de l’abattoir qui s’en sort le mieux, la faute étant rejetée sur les ouvriers et les services vétérinaires. Pourtant, pour que les animaux soient mis à mort sans souffrances, selon les règles de la protection animale, encore faudrait-il que les hommes qui les tuent travaillent eux aussi dans des conditions adaptées, et non à toute vitesse, avec un matériel inefficace et sous une pression permanente.