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Leur société
Depakine : un scandale à retardement
Un nouveau scandale est en train d’éclater au sujet d’un médicament antiépileptique, la Depakine, des laboratoires Sanofi.
Ce médicament mis sur le marché en 1967 pour la prise en charge de l’épilepsie a vu ensuite ses indications étendues à des maladies psychiatriques, les troubles bipolaires. Près de 80 000 patients l’utilisent chaque année en France et il est commercialisé dans 120 pays.
Des enfants nés de femmes traitées par la Depakine ont été victimes de malformations congénitales et de retards de développement. Mais la révélation de ces effets dramatiques a été longue et un rapport de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) publié en février 2016 dénonce « une certaine inertie des autorités sanitaires nationales, de l’agence européenne et des laboratoires en matière d’information des prescripteurs comme des patientes ». Le rapport évalue à 450 le nombre de victimes entre 2006 et 2014, chiffre déjà contesté par l’Association de parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac) qui parle d’au moins 400 victimes par an, en y incluant les enfants souffrant de retard de développement et pas seulement de malformations congénitales. L’Apesac donne le chiffre de 1091 victimes en France dont 177 décès.
À la suite du rapport de l’IGAS, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé une série de mesures pour améliorer l’information des patientes et des médecins et elle envisage une indemnisation des familles. La ministre semble vouloir prendre rapidement position pour éviter qu’un nouveau scandale ne mette en évidence les lacunes des pouvoirs publics, les silences du laboratoire Sanofi et les liens multiples entre l’industrie pharmaceutique et les autorités sanitaires.
Quatre plaintes ont été déposées au pénal et une vingtaine au civil. Ce scandale sanitaire n’est que le dernier d’une longue liste, du Mediator au sang contaminé en passant par les implants mammaires, qui montre combien les firmes du secteur médical, dans leur recherche du profit, peuvent prendre des libertés avec la santé des patients.