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- Lutte ouvrière n°2486
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Editorial
Contre la loi travail, il faut poursuivre et amplifier la lutte !
« Hollande, Valls, Gattaz, on ne sera pas de la chair à patron » ; « Ça sent le Gattaz, ça va péter », « Loi El Khomri, vie pourrie » ; « Séparation du Medef et de l’État ! » ; « Regarde ta Rolex, elle est à l’heure de la révolte » : avec leurs slogans percutants, les jeunes ont défilé encore plus nombreux jeudi 17 mars contre la loi travail.
Ils sont peut-être jeunes, mais ils ne sont pas dupes des mensonges patronaux sur les pseudo-rigidités du marché du travail. Stages en entreprise, CDD, missions d’intérim, petits jobs sans rapport avec leurs diplômes, ils sont bien placés pour savoir que les patrons ont toute la flexibilité qu’ils veulent. S’ils ne la subissent pas eux-mêmes en tant qu’étudiants salariés ou jeunes apprentis, ils la connaissent par leurs aînés ou leurs parents, et ils n’en veulent pas.
La mobilisation de la jeunesse est grandissante, il faut que celle des salariés le soit aussi car la coupe est pleine.
Cela fait quatre ans que Hollande est au pouvoir et que le gouvernement, censé être « socialiste » et de « gauche », fait une politique antiouvrière. Quatre ans que le patronat, surtout le grand, est choyé quand le chômage et la précarité explosent.
Le patronat a voulu une réforme des retraites ? Il l’a eue, avec l’allongement de la durée de cotisation. Il voulait le droit de baisser les salaires et d’allonger le temps de travail ? Ayrault, alors Premier ministre, le lui a accordé avec la loi sur la compétitivité de 2013. Le patronat voulait des baisses de cotisations et d’impôts ? Entre le CICE et le pacte de responsabilité, Hollande lui en a donné pour 41 milliards.
Et, pour finir en beauté le travail demandé par le Medef, Hollande et Valls veulent maintenant dynamiter le Code du travail. Il est grand temps de transformer l’écœurement en colère et en action.
On nous rabâche que le summum de la modernité serait la flexibilité. Mais les loyers, les factures et les échéances des crédits ne sont pas flexibles. Il faut payer, pouvoir se déplacer et nourrir sa famille, que l’on ait du travail ou que l’on soit au chômage ou en fin de droits. Alors, pour les travailleurs, cette flexibilité n’a rien de moderne, elle est synonyme de précarité, de surendettement et de galère à vie.
Travailler 12 heures par jour, 46 heures et même 60 heures par semaine n’est certainement pas moderne. S’épuiser au travail, y perdre sa santé, être licencié au moindre aléa, c’est ce que des générations de travailleurs ont subi avant nous et ont combattu.
Quant au prétendu dialogue social et à la possibilité de déroger aux conventions collectives par accord d’entreprise, c’est aussi un retour en arrière. Car qu’y a-t-il de moderne à ce que les patrons puissent faire leur propre code du travail dans l’entreprise ? Cette légalisation de la loi patronale, c’est-à-dire de la loi du plus fort, c’est le retour au 19e siècle.
L’ultime chantage des défenseurs de la loi consiste à dire que l’on n’a pas tout essayé contre le chômage. Oui, tout n’a pas été essayé.
On n’a pas essayé d’interdire aux grands groupes de supprimer des emplois par milliers. On n’a pas essayé de répartir la charge de travail et de diminuer le temps de travail, sans baisse de salaire pour faire de la place aux jeunes. On n’a pas essayé de se servir des profits, non pour arroser les actionnaires, mais pour créer des emplois.
Ce projet de loi est une attaque en règle des droits des travailleurs qui frappera tous les salariés. Il faut se battre pour son retrait pur et simple.
Depuis le début de cette mobilisation, le gouvernement a déjà été forcé de baisser d’un ton. Il a tenté vainement de faire diversion en brandissant la promesse d’une garantie jeune et le dégel du point d’indice dans la fonction publique. Et s’il a lâché du lest sur le plafonnement des indemnités prud’homales, on le doit aux 500 000 personnes qui ont fait grève et manifesté le 9 mars.
Mais une journée d’action ne peut suffire. Chaque appel, chaque débrayage, chaque manifestation doit être l’occasion de se rassembler et d’entraîner un, dix, vingt camarades de travail à entrer dans l’action. Les appels à se mobiliser jeudi 24 mars en donneront l’occasion et aideront à préparer la journée du 31.
Gouvernement et patronat craignent un réveil de la combativité ouvrière. C’est la preuve qu’il est possible de les faire reculer. La seule condition est d’amplifier la mobilisation et de montrer notre détermination à ne plus céder un pouce de terrain au patronat.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 21 mars 2016