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Leur société
Lutte ouvrière dans les partielles du 13 mars
Lutte ouvrière présente des candidats dans deux circonscriptions où des élections législatives partielles sont organisées le 13 mars : Christophe Charlon et Pierre Madelain dans la 10e circonscription du Nord (Tourcoing), et Anne Zanditénas et Christelle Leblond dans la 2e circonscription de l’Aisne (Saint-Quentin).
Dans ces deux circonscriptions ouvrières, nous voulons saisir l’occasion de faire entendre le camp des travailleurs et de développer nos idées, comme nous le faisons dans le texte qui suit et qui est celui de la profession de foi envoyée aux électeurs.
Travailleuses, travailleurs, chômeurs, retraités des classes populaires, opprimés de cette société faite pour les riches
Les grands bourgeois qui monopolisent les capitaux ont transformé, au fil du temps, notre région en un champ de ruines, en licenciant par milliers, en fermant des usines, en préférant consacrer leur argent à la spéculation financière plutôt qu’aux investissements créateurs d’emplois.
Le chômage qui frappe toutes les familles ouvrières, les quartiers populaires qui se transforment en ghettos, des jeunes qui ne peuvent même pas espérer décrocher un travail stable et qui sont poussés vers le désespoir : voilà ce que nous réserve cette société où l’argent est roi.
Nous ne pouvons pas compter sur ceux qui gouvernent le pays. Nous en avons fait l’expérience avec tous les gouvernements, qu’ils soient de droite comme au temps de Sarkozy ou qu’ils se disent de gauche comme aujourd’hui. Les ministres qui prétendent diriger le pays et parler en son nom vivent dans un autre monde. Ils méprisent ceux qui ne peuvent vivre que de leur travail. Mais ils sont tous à plat ventre devant les banquiers, les patrons des grandes entreprises et les gros possédants.
Les lois qu’ils imposent, les mesures qu’ils prennent sont toutes destinées à enrichir encore plus les riches et à laisser crever dans la misère ceux d’entre nous qui sont au chômage et même beaucoup de ceux qui ont encore du travail mais qui ne touchent pas un salaire permettant de vivre.
À chaque élection, les partis qui sont dans l’opposition prétendent que, s’ils reviennent au pouvoir, cela va changer et ce sera mieux. Mais, après chaque élection aboutissant à un changement de majorité, nous avons constaté qu’avec la nouvelle équipe au pouvoir ce n’est pas mieux, et c’est souvent pire.
Ne laissons pas ces pantins recommencer éternellement leur comédie, sans même exprimer notre dégoût.
Les militants dans les entreprises, dans les quartiers, dans les associations, qui considéraient dans le passé le Parti socialiste ou le Parti communiste comme leur parti, ne peuvent ressentir que comme une trahison le fait que ces deux partis non seulement se sont effacés au deuxième tour des élections régionales devant la droite, mais ont appelé à voter pour elle.
C’était mépriser le vote de leurs électeurs du premier tour et, plus encore, c’était fouler aux pieds l’engagement, les convictions de leurs propres militants, à qui leurs partis ont fait répéter pendant des années que « vaincre la droite » était, pour l’électorat populaire, la condition même du changement. C’est l’aveu que la gauche et la droite se ressemblent comme deux gouttes d’eau, ce que l’équipe Hollande-Valls-Macron montre jour après jour par toutes ses mesures antiouvrières, par toute sa servilité à l’égard des puissances de l’argent, par son discours réactionnaire copiant ou dépassant celui de la droite.
Les électeurs ouvriers du Parti socialiste ou du Parti communiste ont toutes les raisons de se sentir trompés et trahis par leur parti.
Quant aux militants, dans les entreprises ou les quartiers populaires, qui se revendiquaient de la gauche et qui se sentent aujourd’hui isolés, incompris de leurs camarades de travail, et de moins en moins crédibles, il faut qu’ils réfléchissent lucidement sur la politique dont ils ont été, pendant de longues années, les instruments et les propagateurs. Cette politique les a amenés à abandonner les idées et les méthodes de la lutte de classe, pour les subordonner à la victoire de politiciens bourgeois qui se disaient de gauche et qui, de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin, ont tous fini par montrer qu’ils ne se souciaient pas des salariés, tout dévoués qu’ils étaient à servir leurs patrons et exploiteurs.
La question qui se pose pour l’ensemble des travailleurs est de savoir quoi reconstruire sur les décombres des partis de gauche. Recommencer la même tromperie avec d’autres illusionnistes, permettre à une nouvelle génération d’apprentis politiciens de se faire élire avec nos votes pour recommencer à nous tromper et trahir ? Ou reconstruire un mouvement ouvrier digne de ce nom ?
La même question se pose à celles et ceux, la majorité du monde du travail, qui, écœurés par le jeu politique des partis de la bourgeoisie, se détournent de la politique et s’abstiennent aux élections. Mais s’abstenir c’est se taire, c’est laisser aux hommes politiques qui ne veulent pas toucher à l’ordre social injuste la possibilité de parler au nom de toute la société. C’est cesser de protester.
Cette question se pose en réalité même pour ceux, parmi les ouvriers, les chômeurs, les retraités des classes populaires, qui, lors des élections régionales, ont cru exprimer leur hostilité aux grands partis traditionnels en se servant du bulletin de vote en faveur du FN. Combien de nos camarades de travail, de nos voisins, de membres de notre famille, ont cru manifester leur dégoût de ceux qui se relaient pour gouverner, en se tournant vers le Front national, en se disant que ceux-là on ne les a pas encore essayés.
Mais le Front national est comme les autres, en pire ! Il ne combat pas cet ordre social où le grand patronat et les banques ont tout le pouvoir et les exploités n’ont rien. Il drague l’électorat populaire pour l’emporter dans la concurrence qui l’oppose aux partis traditionnels pour les places de notables et la mangeoire qui va avec. Et il le fait avec une démagogie particulièrement nuisible aux travailleurs, car elle sème la méfiance entre eux en fonction des origines, de la nationalité, elle les dresse les uns contre les autres, en les détournant par là même du combat contre leur véritable ennemi, la grande bourgeoisie capitaliste. En même temps, le vote pour le Front national mélange dans le même électorat des travailleurs et leurs pires ennemis : les patrons antiouvriers, les nostalgiques des guerres coloniales, les fascistes en herbe.
Mais chercher à ramener à la gauche la fraction de l’électorat du Front national constituée de travailleurs, de chômeurs et de pauvres est puéril et c’est recommencer à les endormir avec les mêmes illusions de vouloir confier le sort des travailleurs à un « sauveur suprême » venu de la bourgeoisie, qui les vendra inévitablement.
Faire renaître un mouvement ouvrier voulant vraiment mener la lutte de classe et mener le combat pour le renversement du pouvoir de la bourgeoisie capitaliste peut seul ouvrir une perspective aux travailleurs.
Électrices, électeurs des classes populaires,
Ces élections partielles n’ont aucun enjeu, sauf pour la carrière politique de celui qui sera élu. N’apportez pas votre voix à vos oppresseurs d’hier, d’aujourd’hui ou à ceux qui rêvent de le devenir demain. Utilisez votre bulletin de vote pour affirmer vos intérêts de travailleurs, vos intérêts de classe.
Lutte ouvrière s’affirme communiste révolutionnaire. Nous ne cherchons pas des places dans les institutions de la bourgeoisie, nous militons pour que les travailleurs parviennent à les renverser, afin de prendre eux-mêmes le pouvoir politique et s’en servir pour exproprier les entreprises capitalistes et les banques. Notre programme est d’œuvrer pour une société où les richesses et les moyens de les produire seront contrôlés par la collectivité, mis au service de tous, et n’iront pas enrichir une minorité de privilégiés. […]
Voter Lutte ouvrière, c’est non seulement rejeter tous ceux qui, du Parti socialiste au Front national, justifient et servent l’ordre social actuel, c’est aussi affirmer sa confiance dans la force collective de la classe ouvrière pour défendre ses conditions d’existence et pour mettre fin à cet ordre social.