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Dans le monde
Syrie : les manœuvres des dirigeants impérialistes au prix du sang de la population
Depuis le 1er février, l’armée de Bachar al-Assad mène l’attaque contre Alep, au nord de la Syrie, avec le soutien de la Russie et de l’Iran. Elle serait en passe de reprendre la deuxième ville syrienne, jusque-là aux mains des groupes de l’oppposition.
« Imposer sa solution sur le terrain en faisant de Bachar al-Assad la seule alternative aux djihadistes de Daech, c’était précisément l’un des objectifs de Vladimir Poutine lorsqu’il a envoyé son armée au secours du régime syrien, le 30 septembre », pouvait-on lire dans le journal Le Figaro. La Russie n’a pas caché, c’est le moins qu’on puisse dire, sa volonté de permettre au régime d’al-Assad de remporter la victoire dans la guerre civile. Mais, depuis des mois, les représentants des puissances impérialistes, des États-Unis à la France, ne font que jouer la comédie de la recherche d’une solution démocratique, censée sauver le peuple syrien des exactions du régime.
Il est en effet de plus en plus évident que les États-Unis et la Russie sont maintenant parfaitement d’accord sur la question syrienne.
Lorsque la contestation sociale du régime syrien a fait place à une guerre civile entre le régime et des bandes armées rivales, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont choisi d’attendre, en apportant éventuellement un soutien armé aux opposants, suffisant pour affaiblir le régime, mais insuffisant pour leur permettre de gagner. Le régime de Bachar al-Assad s’est révélé plus solide que prévu, face à une opposition formée de quelques démocrates mais aussi et surtout de divers groupes djihadistes, dont le front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaida, et d’autres groupes financés par l’Arabie saoudite et soutenus aussi par la France.
La Syrie est devenue l’arène dans laquelle les pays de la région réglaient leurs différends : d’un côté, le régime de Damas, soutenu par l’Iran, la Russie et aussi le Hezbollah libanais, de l’autre, les groupes djihadistes, soutenus par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. La Turquie offrit même à ces milices des facilités pour s’entraîner sur son sol et pour s’infiltrer en Syrie par la longue frontière séparant les deux pays. C’est dans cette situation chaotique que, parmi les groupes djihadistes, le groupe État islamique, formé d’abord en Irak, s’est renforcé.
Aujourd’hui, face à un tel chaos, les puissances impérialistes, États-Unis en tête, se résolvent à constater, qu’à tout prendre, mieux vaut tenter de retrouver un semblant d’ordre et de stabilité en comptant sur Assad et son régime. Pour cela, l’intervention russe leur apporte une belle aide, en écrasant l’opposition à laquelle, de leur côté, ils cessent de fournir des armements, tout en multipliant les protestations hypocrites. Il sera temps après de s’en prendre à l’État islamique.
En revanche, pour la population qui a été prise en étau entre les bandes armées et l’armée d’al-Assad, tout cela n’apporte que morts et destructions. Plus de 260 000 personnes ont déjà péri depuis mars 2011 et plus de la moitié de la population civile a été chassée de chez elle. Ceux qui n’ont pas encore fui les combats sont les plus pauvres. « Nous estimons qu’il y a 31 000 nouveaux déplacés, dont 80 % de femmes et d’enfants », a affirmé Linda Tom, porte-parole de l’ONU pour les affaires humanitaires, à propos des Syriens bloqués dans la localité syrienne de Bab al-Salama près de la frontière turque, après avoir fui l’offensive du régime et les raids russes.
Chaos, bombardements, dictature de groupes ou de régimes barbares, centaines de milliers de morts et millions de déplacés, voilà le résultat de la guerre civile syrienne et des interventions des différentes puissances, toutes bien sûr au nom de « l’aide » au peuple de Syrie.