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- Lutte ouvrière n°2478
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Dans les entreprises
Dunlop – Amiens : le liquidateur de Goodyear arrive
L’un des deux hauts cadres de l’usine Goodyear-Amiens ayant été retenus une nuit dans les locaux par les ouvriers alors qu’ils venaient annoncer que tout le monde était jeté à la rue, vient d’être reclassé sur le site de Dunlop-Amiens.
C’est le coup de colère des ouvriers de Goodyear qui a donné prétexte au gouvernement pour condamner pour l’exemple huit salariés à 24 mois de prison. Avant d’être muté sur le site Goodyear pour y jouer les « nettoyeurs », ce cadre travaillait déjà sur la même zone industrielle, à l’usine Dunlop. Celle-ci a été rachetée avec les « petites économies » des actionnaires de Goodyear en 2003, seulement quatre ans avant qu’ils ne commencent à mettre en avant des difficultés financières pour justifier la fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens.
Le retour du « killer » dans son ancien bureau inquiète les ouvriers. Malgré les promesses de la direction sur le maintien de l’usine suite à la draconienne réorganisation du travail en 4x8, l’exemple de Continental-Compiègne est dans tous les esprits, ou après avoir accepté de travailler plus pour un même salaire, les ouvriers avaient été licenciés. La direction multiplie les déclarations sur le manque de productivité des ouvriers amiénois qui produiraient, selon ses chiffres, des pneus deux fois plus chers que les ouvriers allemands : entre 20 et 23 euros l’unité contre 12-13 euros pour le site outre-Rhin. C’est un bel aveu sur ses marges plantureuses car cela représente à peine un septième du prix de vente d’un pneu !
C’est le prétexte à la baisse des primes variables (400 euros tous les trois mois) de plus en plus hors d’atteinte suite au durcissement des critères d’attribution. Mais c’est peut-être aussi une préparation des esprits à la fermeture de l’usine, présentée depuis des années comme avant-dernière au classement de la rentabilité du groupe… juste derrière l’usine voisine de Goodyear liquidée il y a un an.
Les ouvriers ont donc raison d’être sur leurs gardes, et malgré le licenciement de militants ces dernières années et la condamnation des huit travailleurs de Goodyear, ils organisent depuis plusieurs semaines des débrayages pour protester contre la pression de l’encadrement et les conditions de travail.