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Dans les entreprises
Air France : Il faut annuler toutes les sanctions
L’inspection du travail vient de refuser le licenciement d’un délégué CGT des ateliers de Roissy qu’Air France avait, avec d’autres de ses camarades, pris en otage pour en faire un exemple. Elle l’accusait de violences et l’avait sanctionné sans preuves dans « l’affaire de la chemise », qui s’était produite lors du comité central d’entreprise agité du 5 octobre où la direction de la compagnie avait annoncé 3 000 suppressions d’emplois, dont des « départs contraints », en clair des licenciements secs.
L’inspection du travail a considéré que « la matérialité du fait reproché (à ce délégué) fait l’objet d’un doute et ne peut être établie ». Autrement dit, elle souligne l’absence totale de preuve dans l’accusation de faute lourde portée par la direction. En vertu de quoi, non seulement elle refuse ce licenciement infondé, mais condamne la compagnie à verser à ce travailleur trois mois et demi de salaire. En effet, Air France l’avait mis à pied sans solde depuis le 5 octobre.
Dès le lendemain de la décision de l’inspection du travail, ce délégué a, au grand plaisir affiché de ses camarades de travail, retrouvé sa place à la DGI, la Maintenance de Roissy. Et c’est tant mieux.
Mais il reste que quatre autres travailleurs, du Fret de Roissy, accusés avec la même absence de preuves, ont déjà été licenciés sans autre forme de procès. Comme ils n’étaient pas délégués, l’inspection du travail n’a même pas eu à se prononcer sur leurs cas. La direction a aussi infligé diverses sanctions à une douzaine d’autres salariés de la compagnie, mis en cause dans les mêmes conditions.
Tout aussi infondés que le licenciement refusé par l’inspection du travail, les autres sanctions et licenciements doivent être annulés. Car les travailleurs concernés n’ont , le 5 octobre, commis d’autre crime que d’avoir été des travailleurs qui ne baissaient pas la tête et qui défendaient leur gagne-pain face à des hauts cadres de la direction.
Bien sûr, cette dernière vient de faire appel de cette décision auprès de la ministre du Travail. Vu la façon dont le gouvernement prend systématiquement le parti du patronat contre les salariés, elle espère y trouver une oreille favorable. D’autant plus que, le 5 octobre et dans les jours qui avaient suivi, le gouvernement avait démonstrativement appuyé Air France contre ses salariés qui refusaient les suppressions d’emplois. Il les avait traités de voyous, considérés comme des délinquants, et fait arrêter chez eux au petit matin par sa police. On ne parlait pas encore d’état d’urgence, évidemment : les attentats n’ont eu lieu que le mois suivant. Mais le gouvernement avait sévi d’urgence contre des salariés, dès lors qu’ils ne se laissaient pas jeter comme des malpropres.
Et il persiste et signe. Car ce gouvernement n’est pas pour rien dans la condamnation de huit ouvriers de Goodyear à de la prison ferme, coupables de ne pas s’être laissés frapper par le patronat sans réagir.
À Air France comme à Goodyear ou ailleurs, il faut dire halte à l’arbitraire patronal, aux sanctions, aux licenciements et aux condamnations.