- Accueil
- Lutte ouvrière n°2477
- Calais : délit de solidarité
Leur société
Calais : délit de solidarité
Rob Lawrie, un Britannique engagé dans l’aide aux réfugiés de la « jungle » de Calais, a été condamné le 15 janvier à une amende de 1 000 euros avec sursis pour mise en danger de la vie d’autrui. Il avait été arrêté alors qu’il tentait de faire passer en Angleterre une petite fille de quatre ans, à la demande du père de celle-ci, pour la confier à une partie de sa famille déjà installée en Angleterre.
Suite à son arrestation, Rob Lawrie avait été mis en examen pour aide au séjour irrégulier d’un étranger et aide au passage. La gauche prétend pourtant avoir aboli le délit de solidarité par une loi de décembre 2012 qui accorde l’immunité pénale à ceux qui apportent une « aide désintéressée » aux sans-papiers. Mais cette loi comprend suffisamment d’ambiguïtés et d’exceptions pour que plusieurs personnes aient quand même été condamnées ces derniers mois pour avoir aidé des réfugiés. Ainsi, en décembre dernier, une militante niçoise d’une association d’aide aux réfugiés a été condamnée à Grasse pour avoir aidé deux sans-papiers, dont un mineur, à échapper à un contrôle de police en les emmenant dans sa voiture.
Dans le cas de Rob Lawrie, c’est sans doute la mobilisation de soutien et l’émotion suscitée par la situation de cette fillette qui ont poussé le tribunal à renoncer à ce chef d’accusation. Mais pour ne pas prononcer d’acquittement, le procureur et le juge ont accusé Rob Lawrie d’avoir fait prendre des risques à la fillette : il l’aurait transportée dans des conditions indignes, selon les termes du procureur, sans siège-enfant ni ceinture de sécurité. C’est pourquoi il a été condamné pour mise en danger de la vie d’autrui. Comme si les conditions de vie dans le bidonville de Calais n’étaient pas infiniment plus dangereuses pour cette enfant qu’un voyage sans ceinture de sécurité ! En outre, c’est la politique des États français et britannique qui transforme les réfugiés en clandestins et les oblige à prendre des risques pour rejoindre le pays de leur choix. Et les déclarations du procureur sont d’autant plus cyniques que, depuis l’arrestation de Rob Lawrie, la fillette a dû retourner vivre dans la « jungle », dans des conditions qui, elles, sont réellement indignes.
À sa sortie du tribunal, Rob Lawrie a déclaré qu’il en ferait désormais encore plus pour les réfugiés. Preuve que la répression, heureusement, ne parvient pas à faire taire la solidarité.