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Dans les entreprises
Air France : non aux sanctions et aux licenciements !
Mercredi 2 décembre, l’intersyndicale d’Air France (sauf CFDT, CGC et mécaniciens du SNMSAC) et des syndicats de la plate-forme aéroportuaire de Roissy appelaient à se rassembler devant le tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. C’est là qu’auraient dû être jugés cinq salariés d’Air France, suite à la plainte de la direction qui a, en plus, déjà décidé de les licencier. Finalement le procès a été reporté au 27 mai, mais la direction persiste et signe : les licenciements ont déjà été annoncés, comme des sanctions de divers niveaux contre treize autres salariés, qui passeront aussi en procès ce jour-là.
La direction de la compagnie veut faire un exemple et intimider largement. C’est sa réponse à la colère des travailleurs qui avait éclaté lors du comité central d’entreprise (CCE) du 5 octobre, quand elle avait annoncé 2 900 nouvelles suppressions d’emplois et des licenciements.
Dès le départ, la direction d’Air France a eu le soutien du gouvernement, de la droite et de l’extrême droite, du patronat, de la plupart des médias, de la justice et de la police. Les travailleurs, eux, à Air France comme ailleurs, se sont instinctivement plus ou moins reconnus dans les raisons de cette colère. Elle avait fait perdre leur chemise à deux hauts cadres ? La belle affaire, quand des milliers de travailleurs allaient perdre leur gagne-pain !
C’est aussi pourquoi, depuis deux mois, à l’occasion de diverses mobilisations en défense des salariés sanctionnés d’Air France, des travailleurs d’autres entreprises, du privé comme du public, avaient tenu à témoigner de leur solidarité.
Cela a été aussi le cas le 2 décembre, y compris loin de Roissy où certains syndicats appelaient à une journée d’actions interprofessionnelles pour l’emploi, les salaires, contre la répression patronale...
À Air France, et plus largement sur les zones aéroportuaires, le patronat se sert de l’état d’urgence pour intimider les travailleurs. À Roissy, une semaine après les attentats terroristes à Paris, c’est au nom de l’état d’urgence que la préfecture aérienne a fait ouvrir les casiers de salariés chez Fedex (transport de colis), Servair (restauration aérienne) ou au Fret d’Air France. À Servair, 70 gendarmes ont fracturé 2 100 vestiaires en une journée ! Inutile de préciser qu’ils n’y ont trouvé aucun terroriste, mais c’était une occasion rêvée pour le patron de faire peur aux salariés.
C’est le but recherché quand, à Orly ou à Roissy, il faut maintenant souvent passer par un portique et une fouille avant d’aller travailler, qu’on y bloque des travailleurs qui, par habitude ou parce qu’ils n’ont pas accès à la cantine, apportent leur gamelle, qu’on leur retire la moindre bouteille d’eau, comme lors de la montée à bord d’un avion.
Ces jours-ci, les autorités ont annoncé qu’elles allaient réexaminer le TCA de 86 000 salariés de Roissy, un badge de sûreté indispensable pour travailler sur zone dans un aéroport. Bien des travailleurs ont la hantise d’en être privés : le perdre, c’est perdre automatiquement son emploi. Et il suffit de peu de chose, même sans rapport avec le travail : un alcootest positif, une querelle de voisinage où la police intervient, un contrôle lors d’une manifestation… Dans les ateliers d’Air France et les sociétés de sûreté des aéroports, il revenait dans certaines conversations entre collègues que s’être trouvé à Paris aux abords de la manifestation interdite sur le climat et y avoir été contrôlé par la police aurait suffi à se voir retirer son badge. Et de fait, les privations de badge se multiplient ces derniers temps.
C’est dans ce contexte, marqué aussi par l’annulation de rassemblements syndicaux en soutien aux travailleurs d’Air France du fait de l’état d’urgence, que s’était préparée la journée du 2 décembre. Une aubaine pour la direction. Malgré cela, des appels à la grève pour le 2, mais aussi le 3, avec sit-in dans les allées de Roissy Pôle, et le 4 décembre, ont été lancés dans divers secteurs d’Air France, comme à la DGI (ateliers de maintenance) et à l’Escale (personnel des aérogares).
Pour dissuader des travailleurs de s’y rendre, la préfecture avait laissé planer le doute jusqu’au 1er décembre sur l’interdiction du rassemblement devant le tribunal de Bobigny.
Nathalie Arthaud, porte-parole nationale, était à Bobigny, avec d’autres camarades de Lutte ouvrière. Voici un extrait de son intervention : « Aujourd’hui le gouvernement nous appelle à l’unité, il parle de se serrer les coudes. Il a même appelé à suspendre les rassemblements au nom de cette unité nationale et en a même interdit plusieurs. Mais est-ce qu’Air France a suspendu son plan de suppression d’emplois ? Est-ce qu’il a suspendu ses attaques ?
Eh bien oui, il faut que les travailleurs continuent à se défendre. Qu’ils continuent malgré les pressions et les tentatives de les intimider et de les faire taire. L’attaque dont sont victimes nos camarades d’Air France est significative de la politique actuelle du gouvernement et du patronat : licenciements et répression ! »
Correspondants LO