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après les attentats
Surenchères réactionnaires : le FN doublé sur sa droite
Devant le discours sécuritaire et va-t-en-guerre de Hollande au Congrès le 16 novembre, reprenant à son compte les mesures démagogiques de la droite que le PS dénonçait il y a encore quelques mois, les ténors des Républicains n’ont pu d’abord que se dire satisfaits, même le FN saluait les « bonnes inflexions » du président.
Mais une fois dissipé l’embarras devant les promesses d’expulsions plus rapides ou de déchéance de nationalité des binationaux soupçonnés de terrorisme, la course à l’électeur et les rivalités entre les leaders des Républicains pour occuper le devant de la scène médiatique ont repris. Ils s’en sont donné à cœur joie, en utilisant l’émotion créée par les attentats, pour répandre tous les propos visant à faire des étrangers des boucs émissaires. Mariton a reproché à Hollande de ne pas avoir assez parlé d’ « islamisme ». Bruno Lemaire a affirmé que « depuis des années la République recule face au salafisme ». Et jusqu’à Ciotti et Wauquiez exigeant l’ouverture de « centres d’internement » pour les individus suspectés de radicalisation, chacun est allé de son petit crachat. Non contente de réclamer l’ouverture de camps, la droite a joué avec la peur en tentant de créer un lien entre migrants et terroristes. L’inimitable Morano s’y est livrée sans surprise en évoquant une « armée de jeunes hommes qui arrivent en Europe ».
Mais au jeu du plus odieux, c’est toujours le Front national qui ressort gagnant. Marine Le Pen a fait feu de tout bois. Un coup contre les migrants en dénonçant des prétendues « lacunes énormes » dans le contrôle des frontières européennes. Puis de façon contradictoire, mais que lui importe, en réclamant un « nettoyage indispensable des caves et des banlieues gangrénées par tous les trafics », Collard, député du Rassemblement bleu marine, a tenu son rang de nostalgique des guerres coloniales, accusant ceux qui gouvernent d’être des « traîtres à la nation » et appelant l’armée à « tirer à balles réelles » pour faire la chasse aux terroristes.
Amalgames scandaleux entre migrants, jeunes de banlieue et terroristes, appel à l’utilisation de moyens de plus en plus violents par l’État, suppression des libertés : tous les moyens sont bons pour ces démagogues prêts à tout dans la chasse à l’électeur. Hollande avec ses propos sécuritaires ajoute sa propre eau sale à tous ces courants réactionnaires. Tous, en se servant des attentats, alimentent les préjugés et sèment la division entre travailleurs. C’est un piège grossier qui n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme mais qui en revanche sert tous ceux qui voudraient voir la population marcher au pas.