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Liban : Daech frappe un quartier populaire chiite
La veille de l’attentat de Paris, deux kamikazes de Daech se sont fait exploser au Liban, provoquant la mort de 44 personnes et en blessant 240 autres au souk de Bourj-al-Barajneh et dans un autre endroit du quartier populaire chiite de la Dahyé, dans la banlieue sud de Beyrouth.
Cet attentat meurtrier n’est pas le premier à frapper la population libanaise. Entre 2013 et début 2014, plusieurs attentats avaient déjà été organisés et revendiqués par des groupes djihadistes, frappant des secteurs chiites de Beyrouth et y compris l’ambassade d’Iran, en représailles à l’engagement militaire des militants du Hezbollah chiite en Syrie aux côtés du régime de Bachar-al-Assad. En ciblant ce qu’ils appellent un « bastion des hérétiques » – c’est ainsi qu’ils considèrent les musulmans chiites – les djihadistes de Daech ripostent aussi aux milices qui ont, depuis plusieurs années, participé à la répression du soulèvement anti-Assad.
Depuis 2012 en effet, les milices du Hezbollah interviennent dans les régions syriennes frontalières du Liban, qui sont une base des djihadistes. Or la présence du Hezbollah en Syrie s’intensifie, ses miliciens renforcent leur équipement et y seraient au nombre de 5 000. La pression militaire croissante autour de l’organisation Daech a sans doute incité les djihadistes à cette riposte dans un quartier beyroutin favorable au Hezbollah, tout comme ils ont organisé les attentats de Paris.
Les barbares qui ont frappé à Beyrouth le 12 novembre espèrent sans doute attiser aussi la haine entre quartiers chiites et sunnites, et contre les réfugiés syriens. La population libanaise, subissant depuis des décennies les retombées des conflits du Proche Orient, a en effet vu affluer 1,5 million de réfugiés syriens, représentant un cinquième des habitants du pays. 400 000 sont des enfants d’âge scolaire, et le gouvernement a ouvert les portes des écoles à un tiers d’entre eux. Les réfugiés syriens, notamment les enfants, vivent dans une extrême pauvreté, dorment dans la rue ou des bâtiments abandonnés, survivant de petits boulots à l’âge où d’autres sont à l’école.
L’attentat du 12 novembre vient à point nommé pour aider ceux qui accusent pêle-mêle les chiites, le Hezbollah et les réfugiés d’importer de Syrie au Liban une guerre civile dont celui-ci n’a nul besoin.