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Accident de TGV : on tape d’abord sur le lampiste
Samedi 14 novembre, un TGV d’essai a déraillé à Eckwersheim, près de Strasbourg, faisant 11 morts et 42 blessés, dont certains très gravement. Les principales victimes de cette catastrophe ferroviaire sont des cheminots qui travaillaient dans le train. Ils étaient chargés d’effectuer pendant le voyage-test des mesures de vitesse du train, sur le comportement des caténaires ou des voies, pour préparer l’ouverture d’une nouvelle ligne à grande vitesse entre Paris et Strasbourg. Cet accident a aussi frappé certains des « invités » qui étaient à bord du train, mais les quatre enfants présents n’ont été que légèrement blessés.
Avant même que l’enquête ne débute sur les raisons du drame, le directeur de cabinet du préfet d’Alsace a parlé de « vitesse excessive » pour expliquer le déraillement, avançant le chiffre de 360 km/h. Mais les TGV d’essai sont justement faits pour tester de telles « survitesses ». Les voyages-tests se succèdent, avec une montée progressive de la vitesse, jusqu’à atteindre la vitesse maximum autorisée (320 km/h) à laquelle on ajoute 10 %, donc jusqu’à… 360 km/h. Quelques jours plus tard, on a enfin entendu la version du mécanicien qui conduisait le train, qui a affirmé au contraire ne pas avoir dépassé 160 km/h sur cette portion limitée à 176 km/h. Par ailleurs, un cheminot présent sur le chantier au moment de l’accident a déclaré avoir vu l’avant du train se cabrer, se projeter. Pour le moment, la cause de l’accident est donc inconnue et il n’y a aucune raison d’accuser le lampiste.
Guillaume Pepy, le président de la SNCF, n’a pas repris à son compte cette accusation hâtive de survitesse, mais il s’est empressé de rejeter sur d’autres la responsabilité d’avoir fait monter des « invités » dans le train, affirmant qu’« il s’agissait d’une circulation technique, pas d’une circulation touristique ». Quelle hypocrisie ! Tout le monde sait à la SNCF que ces « invitations » sont fréquentes, et pratiquées par la hiérarchie elle-même. Elles peuvent concerner des salariés du chantier, des cheminots, des cadres, et parfois leurs enfants, des officiels ou des personnes ayant des relations bien placées à la SNCF. Là encore, cette déclaration n’était qu’une façon de se dégager de toute responsabilité au détriment des cheminots qui travaillaient dans le train.
Face à un tel drame, les cheminots ont d’abord tenu à exprimer toute leur solidarité avec les victimes. Cela n’a pas été le cas des hauts responsables du gouvernement et de la SNCF.