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Leur société
Migrants : à bas l’Europe forteresse !
Le 9 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé l’Union européenne à utiliser la force pour arraisonner en haute mer des navires de migrants venant de Libye.
L’objectif affiché est la lutte contre les passeurs qui profitent de ce trafic d’êtres humains, entassent les migrants dans des rafiots dangereux et les abandonnent au moindre danger. Six bateaux de guerre pourront désormais inspecter, saisir et détruire les navires soupçonnés d’être utilisés par des passeurs. Les migrants seront transportés en Italie, où leurs demandes d’asile seront examinées, tandis que les passeurs pourront y être arrêtés et jugés.
Les passeurs sont ainsi désignés comme les premiers responsables des risques imposés aux migrants pour traverser la Méditerranée et des naufrages. Mais c’est bien l’interdiction presque totale de l’immigration légale dans les pays européens qui force les migrants à se soumettre à ces réseaux mafieux.
C’est une nouvelle étape, qui s’inscrit dans la politique de surveillance accrue des frontières voulue par l’Union européenne. En novembre 2014, l’opération italienne Mare Nostrum, qui consistait à secourir en mer les bateaux de migrants, avait été remplacée par l’opération Triton, visant à surveiller les frontières plutôt que de porter secours, et avec trois fois moins de moyens. Les dirigeants européens reprochaient à Mare Nostrum non seulement son coût, mais aussi de causer un appel d’air, et d’encourager les migrants à entreprendre la traversée.
La suite a prouvé que le risque de n’avoir aucun secours en cas de naufrage n’a pas fait diminuer le nombre de migrants. Au contraire, selon le haut-commissariat aux Réfugiés, plus de 500 000 personnes ont traversé la Méditerranée sur les neuf premiers mois de l’année, au lieu de 200 000 en 2014, et plus de 2 800 seraient mortes. Car rien ne peut empêcher les migrants de fuir les guerres de Syrie et d’Irak, entretenues par les interventions des grandes puissances, les dictatures soutenues par les mêmes, ou la misère dont elles profitent.
Arraisonner en mer les bateaux, arrêter et juger les passeurs n’empêchera pas les migrants de tenter à tout prix de rejoindre l’Europe. Cela risque de rendre leurs trajets encore plus périlleux et d’accroître le nombre de victimes. Instaurer la liberté de circulation et d’installation pour tous les migrants serait la seule façon de faire cesser le drame qui se joue tous les jours au large des côtes européennes.