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- Lutte ouvrière n°2462
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Dans les entreprises
Continental : les travailleurs face aux manœuvres de la direction
Samedi 3 octobre, à l’appel du comité de lutte, 250 ex-salariés de Continental Clairoix étaient rassemblés dans la salle des fêtes de Thourotte, dans l’Oise, pour faire le bilan des rapports avec la direction internationale de Continental AG et en tirer les conséquences.
Depuis des mois, les travailleurs s’étaient remobilisés pour demander à la direction de Continental AG d’en finir avec son harcèlement juridique, marqué par sa volonté de retourner devant la Cour de cassation alors qu’elle avait perdu tous ses procès. Les jugements successifs ont en effet réaffirmé l’illégalité de la fermeture de l’usine de Clairoix et des 1 113 licenciements qui l’avaient accompagnée. En mars 2015, à Francfort, le DRH de la division pneumatiques avait dit que la direction du groupe voulait arriver à un accord, pour mettre un point final au contentieux l’opposant aux anciens salariés. Mais celle-ci vient d’avouer que ce n’était qu’une comédie.
Continental enregistre une augmentation vertigineuse de ses profits. Après les années record 2012, 2013 et 2014, le groupe a annoncé leur augmentation de 25 % au premier trimestre 2015. Alors qu’il a déjà dépensé 2 milliards pour l’achat de nouvelles sociétés, le groupe se plaint d’une trésorerie beaucoup trop pléthorique et voudrait se libérer d’au moins 3 milliards pour de nouveaux achats. Les journaux boursiers invitent à l’achat de l’action Continental, dont le cours a déjà grimpé de 2 000 % en six ans. Mais, malgré ses carnets de commande pleins et des profits qui explosent, Continental est en guerre contre ses salariés, pour maintenir le versement de dividendes astronomiques à ses actionnaires et des primes indécentes à ses dirigeants. À Gifhorn, en Allemagne, près de 800 emplois sont menacés et à Sarreguemines, en France, c’est un nouveau plan agressif de compétitivité qui menace les salaires et les droits des salariés.
Une nouvelle défaite juridique de Continental est très probable. Le Conseil d’État, en août dernier, a rendu un jugement pour la partie administrative, annulant de façon définitive les décisions de deux ministres du Travail, Woerth sous Sarkozy et Sapin sous Hollande, qui avaient considéré la fermeture de Clairoix comme justifiée. Mais malgré cela les dirigeants de Continental considèrent que conclure un accord avec les ex-travailleurs de Clairoix serait un signe de faiblesse… envers tous leurs autres salariés. C’est ce que leur porte-parole a voulu dire dernièrement, en déclarant à propos de Clairoix : « On a perdu la bataille, notre argent et les procès… Qu’est-ce qu’on aurait à gagner à un accord ? »
L’assemblée des ex-salariés de Clairoix a pris acte de l’attitude de la direction. Dans l’enthousiasme, elle a adopté un appel à tous les travailleurs de Continental en France et en Allemagne, qui prend acte des mensonges et des coups tordus des dirigeants du groupe, dit l’absolue nécessité de ne jamais céder au chantage et affirme la communauté d’intérêts de tous les travailleurs, au-delà des frontières et de toutes les fausses divisons. Elle a décidé d’envoyer une forte délégation dans les deux plus grandes usines Continental de France, à Toulouse et à Sarreguemines, pour faire passer ce message auprès des salariés. Et, toujours mobilisés, ils attendent maintenant le jugement en cassation.