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Leur société
Loi Macron : les grandes manœuvres des patrons du commerce
Le décret d’application de la loi Macron définissant les quartiers de Paris où le travail du dimanche et en soirée jusqu’à minuit sera autorisé dans les commerces a été publié jeudi 24 septembre. Ce décret répond largement aux vœux patronaux. De plus, en prévision des fêtes de fin d’année, les patrons du secteur ont gagné quatre dimanches en plus des trois déjà autorisés et dont ils peuvent disposer dès le 11 octobre.
Les « zones touristiques internationales », prétextes à l’ouverture du dimanche, pourraient être encore élargies puisque Macron envisage d’y ajouter trois quartiers supplémentaires : le quartier de la Mégisserie dans le 1er arrondissement de Paris, intégrant tous les magasins situés entre la rue de Rivoli et la Seine ; le quartier Saint-Michel dans le 6e et celui du Haut-Marais dans le 3e arrondissement, où depuis quelques années les boutiques chics se multiplient.
L’autre partie de la loi Macron concerne le paiement des heures supplémentaires. En décembre 2014, pour tenter d’emporter l’adhésion de certains syndicats, Macron parlait du doublement des salaires le dimanche dans les entreprises de plus de vingt salariés. Un mois plus tard, dans une nouvelle version de la loi alors en discussion au Parlement, plus rien n’indiquait à combien seraient payées les heures supplémentaires. On parle aujourd’hui de 30 % en plus, à l’exception des commerces de moins de onze salariés, ce qui est le cas d’une majorité des enseignes de prêt-à-porter fonctionnant en franchise, les marques sous-traitant la vente à des commerçants indépendants propriétaires de leur fonds de commerce et disposant de leur propre société.
Les patrons du commerce, particulièrement ceux des grands magasins tels que Galeries Lafayette, Printemps, Monoprix… et ceux des grandes enseignes de l’habillement ou de la parfumerie, sont aussi renforcés par la loi Macron, avec les négociations salariales qui vont maintenant s’ouvrir avec les représentants des organisations syndicales de salariés. Car ils ont la main pour choisir leurs interlocuteurs syndicaux au niveau de la branche professionnelle, du groupe, de chaque entreprise du groupe ou de chaque magasin.
Cela a en fait commencé dans certains groupes avant même le vote de la loi. Ainsi chez Séphora, filiale du groupe LVMH du milliardaire Arnault, un accord vient d’être signé avec les syndicats de l’entreprise qui autorise le travail après 21 heures.
Autre exemple de manœuvre patronale : les militants CFDT des Galeries Lafayette, hostiles au travail du dimanche, ont appris qu’une négociation secrète se tenait entre la direction de l’enseigne et la fédération commerce de leur syndicat et qu’un accord était en cours de signature… dans leur dos.
Mais ce n’est pas parce que des syndicalistes carpettes se plient à la volonté patronale, avec la complicité du gouvernement, que les travailleurs et les militants d’entreprise doivent accepter que leur temps libre soit réglementé par ceux qui profitent de leur travail.