Des bombes pour la Syrie et des barbelés pour les réfugiés30/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2461.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Des bombes pour la Syrie et des barbelés pour les réfugiés

Les principaux dirigeants de la planète sont réunis à New York pour l’assemblée générale de l’ONU. La Syrie sera leur sujet principal. Oh, ils ne discuteront pas de l’aide humanitaire urgente à apporter aux millions de réfugiés syriens, ce n’est pas leur problème ! Ils discuteront alliances, y compris avec des dictateurs sanglants, bombardements, guerre.

Que la réunion débouche ou pas sur un accord, il ne fait plus de doute que les grandes puissances vont intensifier la guerre contre Daech en Syrie avec, peut-être dans quelques mois, une nouvelle intervention terrestre. Une fois de plus, on nous explique que la guerre est la seule façon de rétablir la « stabilité » dans la région. Mais quelle stabilité y a-t-il en Afghanistan ou en Irak après des années de guerre et d’occupation américaine ?

Il n’y aura pas de stabilité en Syrie tant que cette région restera un terrain de rivalités et de manigances pour les grandes puissances. Des États-Unis à la Russie en passant par le Qatar, la Turquie ou l’Iran, chacun alimente le chaos en soutenant telle bande armée contre telle autre, en montant les chiites ou les Kurdes contre les sunnites quand les autres font le calcul inverse.

Et parmi toutes ces manœuvres, il y a les minables petits calculs des dirigeants français, comme ces frappes aériennes commandées à point nommé la veille de l’ouverture de la réunion de l’ONU, pour faire en sorte que les intérêts des pétroliers et des marchands de canons français ne soient pas oubliés dans les tractations.

Pour la droite et le FN, Hollande n’est encore pas assez va-t-en-guerre ! Avec un cynisme assumé, Marine Le Pen et nombre de responsables de droite expliquent qu’il faut s’appuyer sur Bachar al-Assad, quand bien même il est responsable d’avoir mis son pays à feu et à sang bien avant que Daech n’existe.

Parmi ceux qui quittent la Syrie, beaucoup fuient les bombes et le régime d’Assad. Et tout ce que les politiciens français trouvent à leur dire, c’est : « Restez dans votre pays, nous allons continuer de bombarder et aider Assad à conforter son régime » !

La politique prônée par ces dirigeants en Syrie est criminelle. Et elle l’est encore quand ils défendent la fermeture des frontières et érigent de nouveaux murs et barbelés contre ceux qui ont pris la route de l’exode, ou lorsqu’ils mégotent sur leur accueil, comme le fait Hollande.

Il faut la liberté de circulation et d’installation pour les migrants. Il faut l’ouverture des frontières. Il y a déjà eu trop de morts, trop de naufrages, trop de personnes électrocutées à Calais ou mortes asphyxiées dans des camions.

Ceux qui, parmi les travailleurs, sont sincèrement inquiets de ce qu’il y a déjà beaucoup de chômeurs doivent avoir en tête que le chômage, la précarité et les bas salaires ne dépendent pas de l’arrivée des migrants. Ils dépendent du rapport de force avec le patronat et des luttes que le monde du travail est capable de mener contre les licencieurs et tous ces groupes capitalistes rapaces.

L’emploi n’est pas un stock limité qu’il faudrait se partager et le chômage n’est pas une loi de la nature. Ils résultent de la politique patronale, qui consiste à exploiter au maximum ceux qui travaillent quand bien même toute une fraction de la jeunesse se morfond au chômage.

Pour faire taire tout sentiment d’humanité vis-à-vis des migrants, les dirigeants répètent qu’ « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Comme si les travailleurs n’avaient d’autre choix que de se partager la misère ! Comme s’il fallait se résigner à être en concurrence les uns avec les autres, quand les richesses s’accumulent dans les mains d’une minorité !

La bourgeoisie et ses laquais politiques opposent les intérimaires aux CDI, les salariés du privé aux fonctionnaires, pour masquer leur responsabilité dans le recul des conditions de vie de la classe ouvrière. Cette fois, ce sont les migrants qu’ils présentent comme un danger. Eh bien, les travailleurs ont intérêt à ne pas se tromper de camp et à être solidaires des migrants contre tous ces dirigeants !

Le monde ouvrier a intérêt à soutenir la liberté de circulation et d’installation des migrants. D’abord, parce que tous les travailleurs sont des migrants potentiels et ont à se déplacer au gré des fermetures d’entreprises et des crises.

Ensuite, parce que les migrants sont de futurs frères de classe. Même si certains d’entre eux avaient des vies de médecin, d’avocat ou de commerçant dans leur pays, ils deviendront ici, pour la plupart, des exploités, des camarades de travail. Pour qu’ils deviennent de futurs camarades de lutte contre le chômage et l’exploitation, il faut les accueillir comme des frères.

Éditorial des bulletins d’entreprise du  28 septembre 2015
 

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