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Espagne : les enjeux des élections en Catalogne
L’imposante manifestation qui, le 11 septembre, a rassemblé dans l’avenue centrale de Barcelone plus d’un million de personnes, n’était pas simplement une Diada, la fête annuelle de la Catalogne où s’exprime traditionnellement un nationalisme catalan plus ou moins marqué. Voulue grandiose par Artur Mas, l’actuel président de la Généralité de Catalogne, elle a donné le coup d’envoi de la campagne électorale pour le renouvellement du gouvernement catalan.
Artur Mas, politicien réactionnaire et ambitieux lié aux milieux financiers corrompus, catalans ou pas, mise sur le fait que sa démagogie nationaliste lui vaudra une réélection et davantage de pouvoir.
Dans une Espagne où, comme dans tant d’autres pays, l’ensemble de la classe ouvrière est confronté aux problèmes de la crise, quel chemin doit-elle emprunter ? Voici ce qu’écrivent nos camarades de Voz Obrera (Voix Ouvrière) dans l’éditorial de leurs bulletins d’entreprise du 12 septembre 2015.
Élections catalanes : quelle alternative pour les travailleurs ?
Artur Mas a convoqué des élections pour septembre, peu de jours après la Diada, massivement suivie. Sur ce terrain, les partis nationalistes appelés « Convergencia » [Convergence], « Esquerra Republicana » [la Gauche républicaine] et les associations qui les soutiennent ont présenté leur candidature comme une façon, pour la population catalane, d’affirmer sa volonté d’être indépendante. De ce fait, ces élections destinées à désigner le Parlement de l’autonomie sont présentées comme une forme d’union nationale catalane pour l’indépendance. Un choix qui ne dépendrait pas de tel ou tel parti, mais qui, de fait, aurait valeur de plébiscite.
Une partie de la droite catalaniste n’a pas accepté la politique de Mas et a constitué l’Union démocratique. À droite encore, les partisans de l’unité de l’État espagnol soutiennent les positions du Parti populaire [au pouvoir à Madrid], ainsi que de Ciudadanos [un récent parti de droite existant à l’échelle nationale]. À gauche, le PSC [Parti socialiste catalan, lié au PSOE] a pris clairement position contre le Front indépendantiste nationaliste.
Pour sa part, Podemos s’est allié avec ICV, [le regroupement catalan de Izquierda Unida – la Gauche unie – et les Verts], pour constituer un autre front appelé « Catalunya si que es Pot » – [« oui la Catalogne c’est possible »]. Pour ce courant, la population a le droit de décider de ses liens avec l’État espagnol, mais il affirme que la priorité est la lutte contre l’austérité.
Sur l’échiquier, il y a enfin les CUP [Comités d’Unité Populaire] qui se déclarent anticapitalistes en même temps qu’ils proposent une rupture radicale avec l’Espagne.
Dans cette situation, qui représente la classe ouvrière ? Qui représente les travailleurs ? Qui peuvent-ils choisir ? Dans la situation actuelle, il faudrait expliquer que les problèmes du monde du travail, du chômage, des licenciements, des salaires, concernent tous les travailleurs. Tous, qu’ils soient immigrants, catalans, andalous ou madrilènes car l’État, qu’il soit espagnol ou catalan, est le cadre politique au service d’une bourgeoisie qui l’utilise pour exploiter la force de travail.
Bien sûr, tous les peuples ont le droit de décider, c’est indéniable. Mais les problèmes réels, le chômage, les bas salaires, ne se résoudront que dans la mesure où tous les travailleurs s’uniront dans des luttes, sous leur drapeau, avec leurs revendications contre le capitalisme et le joug des patrons, qu’ils soient espagnols ou catalans. C’est pourquoi la classe ouvrière a besoin plus que jamais de construire un parti des travailleurs, un parti ouvrier qui par-delà les frontières sera un parti internationaliste et révolutionnaire.