- Accueil
- Lutte ouvrière n°2457
- Valls à Calais : l’humanité d’un garde frontière
Leur société
Valls à Calais : l’humanité d’un garde frontière
Lundi 31 août, en visite à Calais pour prendre position sur la question des migrants, Manuel Valls a annoncé la construction d’un campement pour début 2016. La posture se voulait humanitaire, affirmant que « ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions doivent être accueillis dans la dignité. »
Quelques phrases ronflantes ont été prononcées dans le centre d’accueil Jules Ferry, abritant une centaine de femmes et d’enfants et qui sert des repas aux milliers de migrants qui s’entassent dans le bidonville voisin. Mais en fait le Premier ministre n’avait pas grand-chose à proposer, sinon des tentes, ne pouvant offrir qu’un abri sommaire à moins de la moitié des 3 500 migrants qui s’entassent dans la « jungle » voisine dans des conditions inhumaines sur un terrain inondé à la moindre averse ; un projet dont le financement n’est assuré pour l’instant qu’en partie par une aide de l’Union européenne, et qui ne verra le jour au mieux qu’en plein hiver. Sur place, des associations venant en aide aux migrants comme Médecins du monde ont dénoncé à juste titre des mesurettes indécentes face à une situation d’urgence.
Après les discours prononcés au pas de course, Valls s’est rendu à l’entrée du tunnel sous la Manche où s’achève la pose de nouveaux barbelés censés rendre encore plus « étanche » la frontière avec l’Angleterre. Ils rendront seulement encore plus coûteuses et plus dangereuses les tentatives de passage. Plus dans son élément, le chef du gouvernement a salué ensuite le « travail » des CRS dont le nombre s’est vu encore renforcé ces derniers mois. Le discours autoritaire s’est fait alors plus clairement entendre, faisant le tri entre les migrants qui relèvent du droit d’asile et « l’immigration irrégulière », autrement dit ceux que le gouvernement de Hollande souhaite continuer à expulser massivement. Valls, dans sa logique policière, a alors présenté ses « solutions », proposant le « déploiement de garde-frontières européens ».
Le but de Valls n’était en rien de répondre à la situation dramatique des réfugiés, et à peine de donner un visage plus humain à la politique répressive de son gouvernement. Son but était de montrer face aux miséreux d’où qu’ils viennent ce que les privilégiés bien-pensants appellent « de la fermeté ». Sur le terrain de la démagogie contre les réfugiés, le gouvernement PS rivalise avec ses concurrents de droite et d’extrême droite.