Médias : tout est à vendre29/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2452.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médias : tout est à vendre

Patrick Drahi, l’affairiste dont il est beaucoup question ces derniers temps, vient de s’allier au groupe NextRadioTV qui possède BFMTV et RMC.

L’empire de Drahi, basé sur les câbles de télécommunication, a commencé à prendre de l’ampleur lorsqu’il a acheté Numéricable en 2005. Il s’est considérablement étoffé en 2012 avec le rachat de SFR pour 12 milliards d’euros. Et malgré un récent revers en échouant à rafler Bouygues Télécoms, Drahi continue de concentrer entre ses mains toujours plus de capitaux.

Comme beaucoup d’autres grandes entreprises, sa holding Altice gère toutes ces acquisitions au travers d’une cascade de sociétés immatriculées au Luxembourg, aux Pays-Bas, à Panama et à Guernesey pour ne payer que le minimum d’impôts. Drahi lui-même est résident suisse, sans doute autant pour protéger sa fortune personnelle, la troisième de France, évaluée à 10 milliards d’euros, que par amour des paysages de montagne.

Toute son expansion s’est faite à crédit, Drahi ayant lui-même déclaré aux députés français en mai : « Mon groupe vaut aujourd’hui 31 milliards d’euros, pour 33 milliards de dette. » Son seul génie consiste à convaincre les financiers de lui prêter toujours plus. Ce qu’ils ont fait jusqu’à présent.

Investir quelques centaines de millions dans les médias n’est qu’un à-côté pour ce milliardaire, qui a l’avantage de lui permettre de contrôler un peu plus son image publique. La mainmise de Drahi sur Libération l’an dernier et L’Express début 2015, puis sur BFMTV et RMC cet été, a pour but de l’aider à gommer un peu son côté requin des télécoms. En cela, il ne fait que suivre l’exemple du marchand d’armes Dassault qui contrôle Le Figaro ; du géant du BTP Bouygues qui possède TF1 ; de Lagardère qui a mis la main sur Europe 1 et Le Journal du Dimanche ; d’Arnault qui contrôle Le Parisien et Les Échos ; de Bolloré qui dirige Canal + ; ou de Xavier Niel qui s’est offert Le Monde.

Ces grands patrons s’offrent des médias à coups de millions, y placent leurs hommes, y publient leurs idées et fabriquent l’opinion. Une réalité bien loin des grandes phrases sur la liberté de la presse et son indépendance.

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