À écouter l’interview de Hollande le 14 juillet ou le discours de Valls au Parlement le lendemain, la France aurait, en la personne de son président, volé au secours de la Grèce, sauvé l’Europe, protégé les intérêts des populations tant grecque que française. Il aurait tendu fraternellement la main à Tsipras. Plus fort encore, Hollande aurait tenu la dragée haute à Angela Merkel et consolidé « l’indispensable couple franco-allemand ».

La seule chose certaine est que Hollande a contribué à faire accepter le plan d’austérité par Tsipras et que le prétendu sauvetage du peuple grec consiste en la poursuite de son étranglement.

C’était le but recherché par l’ensemble des dirigeants en Europe, quelle que soit la couleur qu’ils affichent : faire payer le peuple. Pour des raisons de politique intérieure, Hollande a fait mine de jouer le chevalier blanc voulant conserver la Grèce en Europe, alors que Merkel, et surtout son ministre des Finances Schaüble, endossaient celui du père Fouettard menaçant de jeter les Grecs hors de la zone euro.

Chacun a en effet son électorat, sa clientèle, son avenir politique à défendre. Merkel se doit de confectionner un emballage de droite à son image, quand Hollande décore le paquet avec un ruban de gauche. En fin de compte, les gouvernements et les parlementaires, français et allemands, ont approuvé le plan concocté à Bruxelles, les journalistes ont fait la claque, les Bourses ont grimpé et les travailleurs grecs devront resserrer leur ceinture de plusieurs crans.

Au sein de cette mise en scène, il reste que Hollande se flatte d’avoir personnellement amené Tsipras à piétiner ses engagements. C’est ce qu’il veut dire quand il déclare que « ce qui caractérise un homme d’État (sous-entendu : sa personne), au-delà des engagements électoraux et des idéaux, c’est la patrie ». Il suffit de savoir que, dans sa bouche comme dans celle de ses partenaires, patrie signifie défense des intérêts du capital et des capitalistes.