Chine : spéculation et krach15/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2450.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : spéculation et krach

La Chine, souvent présentée comme l’« atelier du monde », n’a pas échappé aux conséquences de la crise de 2008. Sa croissance économique, qui progressait auparavant de 12 ou 13 % par an, sera inférieure à 7 % cette année. Elle exporte moins, notamment vers l’Europe et le Japon. Et pourtant, depuis plus d’un an, le cours des actions des entreprises cotées dans les Bourses chinoises s’envolait.

Entre juin 2014 et juin 2015, leur valeur avait augmenté de 150 %. Cette frénésie boursière vient de se transformer en krach. En trois semaines, les actions des sociétés cotées à Shanghaï et Shenzen ont perdu plus de 2 700 milliards d’euros, soit 30 % de leur valeur.

En rachetant massivement des actions et en interdisant aux entreprises d’État de vendre leurs titres pendant six mois, le gouvernement chinois semble avoir enrayé provisoirement la chute. Mais le répit risque de ne pas durer, tant cette crise est symptomatique des difficultés de l’économie non seulement chinoise mais mondiale.

L’une des causes de cette flambée boursière était l’afflux de millions de petits bourgeois chinois à la recherche d’un nouveau support pour investir leur épargne, après la chute des valeurs immobilières en 2012. Le gouvernement a lui-même encouragé cet engouement pour la Bourse, autorisant par exemple le recours à l’emprunt pour acheter des actions. Il cherchait à pallier les difficultés de nombreuses entreprises privées, les petites ou celles du secteur des nouvelles technologies, à trouver des financements auprès des banques publiques ou des gouvernements régionaux déjà surendettés. Mais le remède s’est avéré, une fois encore, pire que le mal.

Inquiets devant une possible contagion au reste de l’économie, les experts économiques répètent doctement que les Bourses chinoises sont déconnectées de la finance mondiale. Cela relève largement de la méthode Coué. L’économie chinoise est intégrée par de multiples liens à l’économie de la planète. Les revers financiers, sinon la ruine, de millions de petits bourgeois chinois se traduiraient par un recul de la consommation, des automobiles aux produits de luxe, sur ce marché que se disputent toutes les sociétés occidentales, de L’Oréal à LVMH en passant par PSA ou Volkswagen.

Le krach des Bourses chinoises est un symptôme de la maladie mortelle qui dévore l’économie capitaliste. Dans tous les pays, sans confiance dans l’avenir de leur propre système, rechignant à investir dans la production, les détenteurs de capitaux, petits ou grands, sont à la recherche des placements qui leur fournissent le meilleur rapport, le plus vite possible. Encouragés par la politique des banques centrales et des États, ces spéculateurs préparent irrémédiablement la prochaine crise financière mondiale.

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