SGL Carbon (Haute-Savoie) : des conditions de travail moyenâgeuses24/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2447.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SGL Carbon (Haute-Savoie) : des conditions de travail moyenâgeuses

L’usine SGL Carbon de Chedde-Passy, en Haute-Savoie, est spécialisée dans la fabrication d’électrodes, de pièces en carbone et graphite pour la chimie, le nucléaire, l’industrie électrique (batteries au lithium), à partir d’un mélange de coke et de brai, une sorte de goudron.

L’usine faisait anciennement partie du groupe Péchiney et comptait, il y a 30 ans, un millier d’ouvriers. Aujourd’hui, il n’y a plus que 180 travailleurs dans cette usine, qui dépend de SGL Carbon, un groupe allemand qui emploie 6 200 personnes et possède une quarantaine de sites dans le monde.

Mais si Chedde a perdu la plus grosse partie de ses effectifs, les conditions de travail ne se sont pas améliorées. Le travail se fait au milieu de la poussière de carbone, avec en plus la chaleur des fours. Le danger y est permanent. Plusieurs postes de travail sont exposés au brai, connu pour ses effets cancérigènes. En 2010, trois ouvriers avaient été intoxiqués par des émanations de gaz carbonique et avaient dû être hospitalisés. En janvier 2015, une explosion provoquée par la formation d’une poche de gaz dans un four a soufflé le toit d’un bâtiment, heureusement sans faire de blessés.

Dans ce dernier cas, c’était la conséquence directe d’une course au profit. En construisant des fours plus gros et en réduisant le nombre des cheminées d’évacuation de gaz, la direction voulait augmenter la productivité.

De plus, avec le va-et-vient incessant des chariots à fourche, dans les allées étroites et souvent encombrées, le risque d’accident est permanent. Chaque fois que les travailleurs ont réagi à ces conditions de travail, la direction a préféré lâcher des primes ou quelques augmentations de salaires, plutôt que de faire les investissements nécessaires.

Si les travailleurs restent dans cette usine, malgré ces conditions de travail d’un autre âge, c’est que les salaires des usines de décolletage aux alentours sont bien plus bas. Mais, même sur ce plan, les choses sont en train de changer. SGL Carbon a lancé des plans d’économie qui se sont déjà traduits par la fermeture de plusieurs usines, dont récemment une au Canada et une autre en Italie.

À Chedde, la direction essaie d’intimider les travailleurs, leur demande des efforts supplémentaires, laissant entendre que l’usine serait en sursis… Elle cherche même à les dresser contre de prétendus concurrents chinois ou même contre l’usine polonaise du groupe. Il s’agit d’une mise en scène destinée à préparer de nouveaux sacrifices. D’autant que, après les quelques pertes de l’année 2013, les résultats 2014 se sont fortement redressés et 2015 sera du même tonneau.

Raison de plus pour les travailleurs de se préparer aux attaques qui s’annoncent !

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