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Leur société
Retraites complémentaires : refuser le chantage au déficit
Le 22 juin, la réunion entre organisations syndicales de salariés et organisations patronales sur les caisses de retraites complémentaires ont été interrompues faute d’accord « au bout d’une heure et demie seulement », selon la presse, et après cinq mois de négociations. Un nouveau rendez-vous a été fixé au 16 octobre.
Selon les « partenaires sociaux » les régimes de retraites complémentaires – qu’ils gèrent en commun – seraient menacés de faillite. En 2014, ils ont enregistré plus de trois milliards d’euros de déficit et si rien n’est fait, leurs réserves seraient épuisées, en 2018 pour l’Agirc (retraite des cadres), et en 2027 pour l’Arrco (retraite des salariés).
Côté « solution », le Medef propose de mettre en place une décote dégressive pour tout départ à la retraite avant 65 ans : à partir de 2019, un salarié arrêtant de travailler à 62 ans se verrait appliquer une décote de 30 % la première année, de 20 % la suivante, et de 10 % à 64 ans. Il ne pourrait donc bénéficier d’une retraite complémentaire à taux plein qu’à 65 ans.
Le patronat préconise aussi une autre mesure, moins spectaculaire mais qui va dans le même sens, la diminution des pensions : il propose la reconduction du gel de leur évolution annuelle en fonction de l’inflation.
En 2013, syndicats et patronat s’étaient mis d’accord pour limiter la revalorisation des pensions de retraites complémentaires : l’accord prévoyait qu’elles seraient revalorisées du niveau de l’inflation, moins un point. Résultat : en 2014 et en 2015, le montant des pensions a été purement et simplement gelé. Le patronat proposerait de reconduire ce mécanisme mais, cette fois, avec une revalorisation égale au niveau de l’inflation moins 1,5 point.
C’est un véritable chantage auquel se livre ainsi le patronat en arguant d’un prétendu déficit des caisses de retraites. Ce déficit, ce sont les patrons qui le créent et le nourrissent en vidant les caisses – celles du régime général de la Sécurité sociale d’ailleurs comme celles des régimes complémentaires – par les licenciements, le chômage et les bas salaires. S’il y a un trou dans les caisses, c’est eux qui le creusent, c’est à eux de le combler.