Méditerranée : opération navale contre les migrants24/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2447.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Méditerranée : opération navale contre les migrants

L’opération EUNAVFOR Med est pour l’instant avant tout une mise en scène. Car intervenir militairement en haute mer ou dans les eaux territoriales libyennes nécessiterait l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU et celui d’une autorité libyenne. Or, depuis que les grandes puissances sont intervenues militairement en Libye il y a quatre ans, le chaos y règne. Il n’y a pas une mais des autorités, qui se font la guerre sur le dos de la population. Il n’est donc pas impossible qu’EUNAVFOR Med ne dépasse jamais le stade de la « phase de renseignement ». Mais l’impuissance de l’Europe ne rend pas sa politique moins ignoble.

Lorsque, il y a deux mois, le naufrage d’un chalutier près des côtes libyennes avait entraîné la mort de 700 migrants, l’émotion suscitée avait obligé les chefs de gouvernement européens à faire des annonces. Ils ont alors martelé l’idée que, pour empêcher les migrants de mourir en mer, il fallait les dissuader de tenter la traversée.

Mais aucune opération militaire, aucune barrière, aucun fossé ne retiendront des gens qui fuient la misère, la faim, la guerre ou la barbarie. Si les côtes libyennes sont surveillées, ils partiront d’ailleurs. Si les voies maritimes deviennent impraticables, ils prendront les voies terrestres.

Les dirigeants européens le savent parfaitement. Ils savent aussi que tous les maux que fuient ces populations sont le fruit de leur système de domination et en particulier des interventions, économiques et militaires, des grandes puissances dont ils sont les représentants. Alors leur politique vise surtout à tenter de masquer le drame des migrants aux yeux de leur opinion publique. Et elle vise aussi à dresser, au moins moralement, les travailleurs d’ici contre ceux qui arrivent.

Malgré leurs différends pour se rejeter la charge de l’accueil des migrants, les gouvernements européens, quelle que soit leur étiquette, sont bien d’accord. Ils veulent autant que faire se peut, tenir à distance les dizaines de milliers de personnes que la misère et les guerres qu’ils provoquent jettent chaque jour sur les chemins de l’exil.

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