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Leur société
Lutte contre la fraude fiscale : annonces de façade
Les ministres de l’Économie, du Budget, de l’Agriculture et de la Justice, rien que ça, ont annoncé le 23 juin que l’État avait récupéré plus de 19 milliards d’euros en luttant contre la fraude fiscale. Cette annonce en grande pompe avait avant tout pour objectif de permettre à des ministres de se faire mousser en jouant les incorruptibles. Car la prétendue chasse aux évadés fiscaux est très loin de faire payer les riches.
Les 19 milliards d’euros se décomposent en 15 milliards d’euros de redressements fiscaux et 4 milliards d’euros de pénalités dont un peu moins de 2 milliards provenant de comptes bancaires à l’étranger non déclarés. Ces sommes n’ont rien d’exceptionnel. Elles représentent le bilan annuel habituel des redressements fiscaux. Ainsi, l’an dernier, il était de près de 18 milliards d’euros.
Alors, il est certain que l’État, endetté jusqu’au cou, est moins laxiste aujourd’hui vis-à-vis des évadés fiscaux qu’il ne l’était à une autre époque. Mais la somme récupérée est dérisoire : même pas deux milliards d’euros au regard des 60 à 80 milliards d’euros qui lui échappent chaque année selon les estimations du syndicat Solidaires finances publiques. Et gageons que les évadés fiscaux coincés sont du petit gibier.
Non seulement le gouvernement ne fait pas la chasse aux grosses fortunes, mais la réalité est même à l’opposé. Car au bout du compte l’État ne se sert pas de ces sommes pour financer les services publics ou dans le sens de l’intérêt général. Il les reverse aux financiers comme intérêts de la dette. Dans l’affaire, les services fiscaux de l’État restent dans leur rôle de collecteurs pour la haute finance.