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Dans le monde
Grèce : le nœud coulant de la dette
Les dernières propositions du gouvernement grec à l’Eurogroupe, faites le 22 juin, ont été considérées d’un œil favorable par les créanciers, même si ces derniers réclament encore des ajustements.
Ces propositions marquent un net recul sur les objectifs affirmés par Tsipras au début de son mandat. Certes, pour réaliser les économies exigées par l’Eurogroupe, le gouvernement propose de réduire de 200 millions les dépenses d’armement, de gagner de l’argent sur les chaînes de télévision par la vente de licences et la taxation de la publicité. Il veut imposer la cotisation de solidarité aux entreprises qui font 500 000 euros de bénéfices, et pas seulement aux sociétés qui en font le double.
Mais le gouvernement Tsipras propose aussi de revoir le régime de la TVA. Les créanciers réclamaient deux taux et la taxation de l’électricité à 23 %. Le gouvernement en garderait trois, de 6 % à 23 %, et refuse d’appliquer le taux de TVA le plus haut à l’électricité. En revanche, le taux le plus réduit ne s’appliquerait plus qu’aux médicaments et aux livres. Les produits de consommation courante, l’eau, le gaz et l’électricité seraient taxés à 13 %. Il serait question d’augmenter la TVA sur la restauration à 23 % au lieu de 13 % actuellement et de supprimer la réduction de TVA dans les îles, ou au moins dans certaines, alors que les produits y sont déjà plus chers en raison du transport.
Quant aux retraites, il serait prévu d’augmenter les cotisations et de supprimer la possibilité de départ en retraite anticipée, de façon progressive entre 2016 et 2025. Les créanciers, eux, réclament une application immédiate.
Les réunions vont donc se succéder, dans une atmosphère d’urgence, de chantage et de crise entretenue par les gouvernements européens et les médias à leur service. Il s’agit bien sûr, selon eux, de préserver la stabilité de l’Europe et de sauver la Grèce du chaos. Moscovici, ex-ministre de l’Économie en France et encore plus zélé dans la défense de la finance au niveau européen, s’est permis de dire qu’il ne s’agissait pas « d’imposer l’austérité à la Grèce ».
C’est à la fois ignoble et grotesque. Ignoble parce que depuis cinq ans, tous ces politiciens au service des banques ont affamé la population dans un pays dont la production nationale a diminué de plus d’un quart. C’est grotesque parce que ceux qui exigent ces mesures savent qu’elles sont en grande partie inapplicables, comme l’augmentation des cotisations dans un pays avec 27 % de chômeurs et un travail au noir généralisé.
L’acharnement des dirigeants européens, de ceux du FMI et de la BCE, est politique : ils veulent que la population, en Grèce et ailleurs, sache ce qu’il en coûte de désobéir aux financiers, à un système capitaliste fait pour les exploiter en temps normal et les écraser en temps de crise. Un système dont il est urgent de se débarrasser.