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- Lutte ouvrière n°2445
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Dans les entreprises
Tefal – Annecy : la cuisine patronale en accusation
Près de 500 manifestants se sont rassemblés vendredi 5 juin devant le palais de justice d’Annecy pour l’audience du tribunal correctionnel où étaient cités à comparaître une inspectrice du travail et un salarié de Tefal. Il leur est reproché d’avoir rendu publics des mails internes à l’entreprise montrant que la direction avait cherché à entraver le travail de l’inspectrice.
Appelés à une journée de grève nationale, plus de 200 inspecteurs et contrôleurs du travail étaient venus de toutes les régions et de fortes délégations de militants étaient là aussi. Ils venaient de Tefal et NTN-SNR, les deux plus grosses entreprises de Haute-Savoie, mais aussi de Savoie et du département de l’Ain, où l’inspectrice avait été en poste, chargée de l’usine Renault Trucks de Bourg-en-Bresse, avant d’être mutée en Haute-Savoie. L’ambiance était particulièrement chaude car la préfecture, inquiète de la mise sur la place publique de cette scandaleuse affaire et des répercussions nationales qu’elle prend, avait mobilisé les CRS, qui ceinturaient le palais.
« Police partout, justice nulle part », « C’est pas à l’inspection du travail qu’il faut faire le ménage, mais le parquet qu’il faut balayer », scandaient les manifestants, faisant allusion au procureur d’Annecy qui a déclaré à une journaliste vouloir « faire le ménage » à l’inspection du travail.
Finalement, le renvoi de l’affaire a été annoncé pour le 16 octobre : rendez-vous a été donné pour une nouvelle manifestation à cette date, mais chacun était conscient que d’ici là la mobilisation devait se maintenir. Celle-ci a d’ailleurs déjà contraint le directeur général du Travail, Yves Struillou, à (enfin !) se démarquer du procureur et prendre position pour l’inspectrice.
En tout cas, toute cette affaire fait discuter dans les entreprises : car on voit au grand jour les liens étroits entre le patronat et les moindres rouages de l’appareil d’État, tout cela pour écraser ceux qui somme toute n’ont fait qu’essayer de faire respecter le peu de loi censé protéger les travailleurs. Une loi est également censée protéger les « lanceurs d’alerte », mais elle fait partie des mesures prises pour la galerie, car elle ne protège pas des accusations de vol, recel de documents internes des entreprises, de violation du secret professionnel, dont sont accusés les salariés qui osent dévoiler les magouilles patronales. C’est bien pour cela que la levée de tous ces secrets protégeant la bourgeoisie doit être un des objectifs essentiels des luttes futures de la classe ouvrière.