Sam Johnson : Toute ma vie, j’ai lutté – De l’Alabama à Los Angeles et à Detroit10/06/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/06/sam_johnson_p15.jpg.420x236_q85_box-0%2C825%2C1621%2C1737_crop_detail.jpg

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Sam Johnson : Toute ma vie, j’ai lutté – De l’Alabama à Los Angeles et à Detroit

Sam Johnson s’est battu toute sa vie. Né en 1939 en Alabama, à la campagne, il a connu la violence régnant dans le sud des États-Unis, c’est-à-dire non seulement un système de ségrégation légal mais aussi un terrorisme d’État, hors de toute légalité. Il a grandi à Bessemer en Alabama, où les membres de la police et ceux du Ku Klux Klan étaient souvent les mêmes personnes.

Illustration - Toute ma vie, j’ai lutté – De l’Alabama à Los Angeles et à Detroit

Mais, comme d’autres jeunes Noirs de sa génération, il n’a pas accepté la place à laquelle la société raciste le condamnait. Il a appris à se battre de bonne heure, auprès de ses grands frères et de ses cousins qui lui ont appris à lutter physiquement. Mais son état d’esprit de combattant, il l’a acquis de sa mère, qui était elle-même une forte femme. Quand il était encore un jeune garçon, il l’a vue affronter la police qui voulait perquisitionner la maison, il l’a vue empêcher physiquement un homme de frapper sa sœur. Et il a vu le rassemblement de toute la famille, armée de fusils, pour défendre une de ses tantes menacée d’une descente du Klu Klux Klan.

Tout cela a fait de Sam un jeune qui ne cherchait pas la bagarre, mais qui ne reculait pas quand il fallait se battre. À 18 ans, Sam avait déjà été jeté trois fois en prison, à chaque fois parce qu’il avait refusé d’adopter l’attitude soumise que les Noirs devaient adopter devant l’autorité blanche.

À 20 ans, sa mère lui a donné 40 dollars et l’a envoyé, avec son frère cadet et l’un de ses jeunes cousins, à Los Angeles, pour éviter qu’ils finissent par être tués par les policiers dans le Sud.

En Californie, Sam a vite découvert que la police n’était pas très différente et qu’à Los Angeles la ségrégation était pire qu’à Bessemer.

Il est resté sept ans à Los Angeles, vivant la plupart du temps comme les jeunes des rues. Il y a rencontré pour la première fois des militants politiques qui lui ont fait entrevoir autre chose que ce qu’offre cette société raciste : des militants qu’on appelait les Musulmans noirs, membres de l’organisation la Nation de l’Islam, connue pour organiser l’autodéfense des Noirs.

L’événement peut-être le plus important pour lui pendant ces années à Los Angeles fut les émeutes de Watts en 1965. Le grand quartier noir de Los Angeles s’est soulevé tout entier contre la police et Sam a compris pour la première fois, selon ses mots, « le pouvoir que les Noirs pouvaient avoir ».

Après une altercation avec un gardien raciste et après avoir été battu presque à mort par des policiers, Sam a été licencié et a quitté Los Angeles pour rejoindre son frère à Detroit.

Deux mois après son arrivée à Detroit, éclata l’énorme émeute de 1967. Ce fut probablement la plus importante de toutes. Elle a entraîné des Blancs pauvres, qui sont aussi descendus dans la rue et ont participé au pillage des boutiques et aux affrontements avec les flics.

Tout de suite après, l’industrie automobile a ouvert des bureaux de recrutement dans le quartier où les émeutes avaient démarré. Pour la toute première fois, les ouvriers noirs étaient nombreux à être embauchés dans les grandes usines automobiles.

Sam est alors entré en contact avec des communistes, qui publiaient un bulletin sur son entreprise et sur d’autres. En discutant avec eux, il a commencé à voir ce qu’il appelle « le grand tableau », la vue d’ensemble sur le fonctionnement du système et ce qui engendre le racisme. Il s’est mis à lire les livres qu’ils lui prêtaient : Robert Williams, qui avait aidé à organiser l’autodéfense de la communauté noire de Monroe en Caroline du Nord, Malcolm X, Lénine, Trotsky, Marx.

Il devint un militant révolutionnaire actif – en fait il est l’un de ceux qui ont contribué à construire, presque depuis le début, l’organisation The Spark. Il est devenu un militant syndical, utilisant les postes auxquels il a été élu pour organiser les travailleurs qui voulaient se défendre. Il a été plusieurs fois candidat dans les élections de la bourgeoisie, afin de faire entendre la voix des travailleurs, de leur offrir le choix de voter pour quelqu’un qui n’appartenait pas à l’un des deux partis bourgeois, quelqu’un qui parlait au nom des intérêts de la classe ouvrière.

Cette partie du livre raconte les différentes choses que Sam et ceux qui étaient autour de lui ont faites, comment ils luttaient contre l’exploitation quotidienne et les incidents racistes, de même que la façon dont il discutait autour de lui en essayant de faire partager sa vue d’ensemble.

Le livre est une collection d’anecdotes se rapportant aux différentes périodes de la vie de Sam. Pendant des années, il a utilisé ces anecdotes pour illustrer les idées politiques dont il parlait.

Raconté de façon très vivante au fil de ses souvenirs, c’est « le récit extraordinaire d’un militant ayant vécu sa vie durant une période de l’histoire américaine qui ne l’est pas moins ».

Éditions Les Bons Caractères 290 pages - 16,50 euros

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