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Leur société
Saint-Denis : « On veut la même école »
Environ deux cents parents d’élèves et professeurs des écoles ont investi joyeusement la très huppée Maison d’éducation de la Légion d’honneur, en plein centre-ville de Saint-Denis. Dans cette ville, où les parents se battent depuis des mois pour obtenir que devant chaque classe il y ait un enseignant, cette institution est devenue un symbole de l’inégalité en matière d’éducation.
La Maison de la Légion d’honneur a été ouverte par Napoléon pour les jeunes filles pauvres orphelines d’un militaire ayant obtenu la Légion d’honneur. Depuis, ce ne sont plus les pauvres qui y entrent, mais les descendants de membres portant à un titre ou un autre cette distinction. Et les conditions d’enseignement y sont excellentes ; un parc arboré de 17,6 hectares, un auditorium de 500 places. Chaque élève dispose en moyenne de 300 m2 de pelouse, alors que les enfants de l’école voisine disposent de 2,5 m2 de béton. Ainsi parents et enfants criaient de bon cœur « On veut la même école », une banderole affirmait : « Si ces jeunes-filles ont des pianos, nos enfants méritent l’orchestre ! »
Les parents sont d’autant plus remontés que l’année a été particulièrement difficile. Dès la rentrée, il manquait 18 enseignants à Saint-Denis. Ce sont principalement des contractuels, recrutés parfois directement par Pôle emploi, n’ayant bénéficié d’aucune formation, qui ont été mis devant les élèves. Nombre d’entre eux n’ont d’ailleurs pas tenu. L’école Carson-Besson par exemple a vu défiler pas moins de 30 contractuels en une année ! Et la situation n’est pas près de s’arranger, puisque le rectorat prévoit la nomination de 240 professeurs des écoles sur le département alors que la seule montée démographique nécessiterait l’ouverture de 340 classes. Autant dire que la rentrée prochaine sera pire, puisque le rectorat entérine la pénurie des enseignants sur le département.
Cette occupation symbolique de l’école de la Légion d’honneur s’est terminée par un pique-nique convivial. La presse s’est au moins déplacée et le préfet a été obligé d’interrompre ses courses du week-end pour venir se rendre compte de la situation. Cette journée a permis aux familles de passer un bon moment, dans un cadre qu’elles rêveraient d’avoir pour leurs enfants.