- Accueil
- Lutte ouvrière n°2444
- Hollande au Panthéon : ceux qui tricolorent… (Prévert)
Leur société
Hollande au Panthéon : ceux qui tricolorent… (Prévert)
Pour tenter de remobiliser autour de lui le « peuple de gauche », et si possible au-delà, Hollande a joué d’un des privilèges exclusifs du président de la République : la mise au Panthéon d’un grand homme, ou plus rarement d’une grande femme. Rien ne dit que cela l’aidera beaucoup à remonter la pente.
Pourtant, il a recouru à l’un des thèmes les plus unificateurs et les plus consensuels : la Résistance. La guerre de 14-18 en est un autre, mais Hollande en a déjà usé et abusé. Et la Résistance a aussi l’avantage d’écarter la droite pétainiste, et donc une partie au moins du Front national.
Dans cette Résistance nationaliste et bourgeoise, Hollande a choisi un échantillon destiné à plaire à tous : deux hommes et deux femmes (elles sont maintenant quatre parmi tous ces grands hommes), deux victimes de la répression pendant la guerre, deux ayant vécu jusqu’au 21° siècle, deux francs-maçons plutôt de gauche liés au Front populaire, dont un ministre, deux femmes liées au gaullisme et aux gouvernements d’après 1958. Ainsi sur l’autel de la République, Pierre Brossolette, ex-SFIO, symboliserait la liberté ; Germaine Tillion, l’ethnologue, l’égalité ; Geneviève de Gaulle-Anthonioz, présidente pendant 34 ans d’ATD Quart-Monde, la fraternité. Quant à Jean Zay, ministre radical de l’Éducation de Léon Blum, il figurerait la laïcité.
Il y en a donc pour tout le monde, à part le PCF, et en particulier pour les gaullistes. Hollande peut se voir en de Gaulle et en Malraux, accueillant Jean Moulin au Panthéon, aussi bien qu’en Mitterrand s’y rendant le 21 mai 1981.
En vue de 2017, Hollande met en avant « l’esprit de la Résistance, l’esprit de résistance ». Mais il ne résiste à rien, et surtout pas aux demandes du patronat. Il voudrait qu’on voie en lui un roc inébranlable, un drapeau immaculé, la République telle qu’en buste dans les mairies ou sur les pièces de monnaie.
Hollande et son concurrent Sarkozy, qui a refusé l’invitation à la cérémonie, sont deux représentants de la patrie des bourgeois, des nationalistes, des marchands de canons, des promoteurs de toutes les guerres contre les peuples et contre les travailleurs. Les travailleurs, eux, n’ont pas de patrie, pas de Panthéon, et ne devraient être solidaires que de leur classe, dans tous les pays.