Gens du voyage : la discrimination perdure03/06/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/06/p4.jpg.420x236_q85_box-0%2C192%2C2048%2C1344_crop_detail.jpg

Leur société

Gens du voyage : la discrimination perdure

Un député socialiste a soumis le 27 mai à l’Assemblée nationale une nouvelle proposition de loi destinée à réduire les injustices subies par les gens du voyage.

Illustration - la discrimination perdure

Il s’agit de la catégorie administrative des personnes vivant en caravane, que ce soit par culture, comme une partie de la population tsigane, ou par contrainte matérielle, ou bien qui exercent une activité ambulante. De nationalité française pour la plupart, elles sont traitées comme des citoyens de seconde zone. Le contrôle administratif et policier particulier qu’elles subissent depuis 1912 a parfois servi des politiques criminelles, comme lors de la Seconde Guerre mondiale. Des milliers de « nomades » furent alors internés par l’État français dans des camps qui ne furent évacués qu’en 1946.

La loi de 1969 en vigueur aujourd’hui impose aux gens du voyage un titre de circulation qui doit, dans certains cas, être visé tous les trois mois. Le fait de circuler sans titre peut être passible de prison. En contradiction avec ses principes d’égalité affichés, l’État n’a renoncé à appliquer ces exigences que très récemment. En pratique, les difficultés n’ont cependant pas disparu, par exemple pour obtenir une carte d’identité ou s’inscrire sur les listes électorales. Tout cela contribue à exclure les gens du voyage et à les discriminer.

Depuis 2000, chaque commune de plus de 5 000 habitants a l’obligation légale de proposer des aires d’accueil. Mais les 2000 villes concernées sont loin d’être toutes équipées. Et encore, beaucoup de ces aires sont très rudimentaires, sur des terrains dangereux ou inondables, loin de la ville, à proximité de déchetteries, impraticables… ou trop chères. La loi permet certes au préfet de se substituer à la commune pour agir, mais aucun ne l’a encore fait et les mairies hors la loi restent impunies. Les gens du voyage contraints de s’installer sur des terrains qui ne leur sont pas destinés risquent en revanche la confiscation de leur véhicule, voire la prison, depuis 2003. Leur situation précaire peut entraîner des nuisances pour la population locale, et contribuer à alimenter les préjugés.

Quant à ceux qui cherchent à se sédentariser, ils rencontrent les mêmes difficultés que le reste des classes populaires pour trouver un logement décent à prix abordable, la discrimination en plus.

Le problème des conditions de vie des gens du voyage ainsi que celui des préjugés et discriminations dont ils sont victimes pourraient être résolus si seulement l’État respectait ses propres engagements. On peut douter qu’il le fasse, même si cette nouvelle loi est adoptée.

Partager