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Leur société
Coupes budgétaires : municipalités populaires aux abois
D’ici la fin de l’année, 1 500 communes vont basculer dans le rouge et être placées sous tutelle financière de l’État. En 2017, ce pourrait être le cas pour une commune sur deux selon l’Association des maires de France (AMF) dont les représentants ont été reçus jeudi 28 mai par Manuel Valls. Celui-ci a évoqué un fonds de soutien d’urgence d’un milliard d’euros. Mais cette somme serait au mieux une compensation dérisoire au regard de la véritable saignée que représente la baisse des dotations de l’État aux municipalités.
Après avoir imposé 1,5 milliard d’euros d’économies aux municipalités en 2014, le gouvernement prévoit de passer à 3,7 milliards d’euros par an jusqu’en 2017, ce qui fera 11 milliards d’économies supplémentaires. Cela aura des conséquences dramatiques car déjà, dans un nombre sans cesse croissant de municipalités, le sous-effectif est permanent et les infrastructures ne sont pas rénovées ou sont insuffisamment entretenues. Il manque du monde dans les services de la petite enfance, dans les dispensaires de santé, dans la voirie et les services techniques ou encore dans les administrations. Même les rues sont souvent éclairées au rabais au détriment de la sécurité routière.
Face à cette situation, des maires ont annoncé de nouvelles hausses d’impôts locaux comme à Lyon 5 %, Bordeaux 4 % ou Strasbourg 3 %. D’autres, notamment des maires de communes populaires, s’y refusent, avec raison.
L’AMF, dont le président actuel est François Baroin, se pose en représentante des intérêts de toutes les municipalités. Mais il y a municipalité et municipalité. Les coupes budgétaires ne sont pas les mêmes et n’ont pas le même effet à Neuilly-sur-Seine ou en Seine-Saint-Denis. On voit mal d’ailleurs comment un cacique de l’UMP comme Baroin pourrait relayer les problèmes des communes les plus pauvres. Ministre de l’Économie et des Finances de Sarkozy, il a même été responsable du gel des dotations aux collectivités locales à partir de 2011.
À peine le milliard d’euros de fonds d’urgence annoncé par Valls, le même Baroin a d’ailleurs dit qu’il ne souhaitait pas que cet argent aille aux communes les plus en difficulté car « cela leur servira juste à sortir la tête de l’eau » et « ce n’est pas cela qui favorisera l’investissement. » Baroin se sert des villes en train de se noyer pour tirer du gouvernement des financements supplémentaires que des politiciens au bras long comme lui s’accapareront et s’empresseront de redistribuer au patronat local.
Au niveau des municipalités comme du reste de la société, les couches populaires ont besoin de faire entendre leurs propres intérêts et elles ne doivent pas se laisser représenter par des politiciens qui se serviront de leur détresse comme d’un marchepied.