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Dans le monde
Russie : parfum de guerre froide… et de contrats ?
Tradition de l’URSS stalinienne oblige, c’est le 9 mai que les autorités russes commémorent la fin de la Deuxième Guerre mondiale, sous le nom de Victoire dans la guerre patriotique contre le nazisme. Une défaite de l’Allemagne dans laquelle l’Union soviétique, sa population et son armée ont joué un rôle décisif : elles l’ont payé d’un prix énorme en destructions et pertes humaines, avec au moins 20 millions de morts, soit plus de la moitié de tous ceux recensés en Europe.
Déluge de déclarations officielles, d’articles de presse, affichages géants dans les villes, gadgets commémoratifs partout en vente… Depuis des mois, personne ne pouvait ignorer que les dirigeants russes voulaient donner un éclat particulier à ce 70e anniversaire. Il s’agissait de montrer au monde entier que la Russie est redevenue une puissance avec laquelle il faut compter.
C’est ce qu’affichaient la parade militaire imposante organisée le 9 mai sur la place Rouge à Moscou. Outre 16 000 soldats, les autorités avaient mobilisé là 140 avions, des missiles intercontinentaux de 50 tonnes, les nouveaux chars Armata T14, que l’on dit les plus puissants du monde. Sans oublier la population conviée – sans qu’elle ait le choix, s’agissant du personnel des organismes publics de la capitale – à démontrer sur le parcours son patriotisme et son adhésion à la politique de Poutine.
Seule ombre à ce tableau : si y figuraient les chefs d’État ou de gouvernement chinois, indien, égyptien, cubain, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, les chefs des puissances impérialistes brillaient par leur absence. Obama, Hollande, Cameron et autres n’avaient pas répondu à l’appel, faisant savoir que, sur fond de guerre en Ukraine et d’annexion de la Crimée, leur présence aurait cautionné la politique agressive de Moscou.
Venant de représentants d’États qui mènent des guerres en permanence, leurs reproches à Poutine valent avis d’experts. Ils pourraient même faire sourire, si les interventions militaires occidentales n’étendaient leurs ravages de l’Afghanistan à l’Afrique et au Moyen-Orient. Sans oublier non plus le poids de leurs manigances dans la déstabilisation de l’Ukraine, dont ils accusent le Kremlin, alors qu’ils partagent largement la responsabilité du drame qui ensanglante cette partie de l’Europe.
Mais le cynisme des uns et des autres, leur mépris commun des peuples n’empêchent pas, qu’au milieu d’invectives au parfum de guerre froide, les affaires gardent leurs droits. Hollande n’était pas à Moscou, mais il y avait envoyé Fabius, son ministre des Affaires étrangères. Quant à Merkel, absente le 9 mai, elle a rencontré Poutine dès le lendemain. Et on peut parier qu’ils n’ont pas parlé seulement de l’Ukraine, mais de contrats gaziers, pétroliers, voire militaires…