- Accueil
- Lutte ouvrière n°2439
- Toyota – Onnaing : exploitation aggravée
Dans les entreprises
Toyota – Onnaing : exploitation aggravée
La production diminue, mais la direction s’en sert pour augmenter encore l’exploitation. Pour limiter les réactions collectives des travailleurs contre cette dégradation supplémentaire des conditions de travail, la direction fait pleuvoir les menaces individuelles et les sanctions pour des broutilles dans tous les ateliers et toutes les équipes.
Alors, quand en plus, lundi 20 avril, le directeur a réuni tous les salariés de l’usine en six groupes successifs de 500 à 600 personnes pour annoncer une prime de participation minable, il n’a pas été bien reçu. Dans la première équipe, réunie lundi matin, il a essayé de faire jouer le suspens avant d’annoncer... 250 euros de prime. Il s’est alors fait huer. Et dans la troisième équipe, la nuit, où le montant de la prime était déjà connu, quelques travailleurs lui ont lancé des pièces de monnaie, histoire de lui montrer ce qu’ils pensaient d’une telle aumône. À titre de comparaison, les ouvriers de Toyota au Japon vont toucher cette année une prime de 17 000 euros, équivalant à six à sept mois de salaire.
Le comble, c’est que pendant des mois la direction avait fait planer le risque d’une mise en liquidation judiciaire de l’usine, qui était mise en déficit artificiel depuis plusieurs années. Après un tour de passe-passe de recapitalisation sans dépenser un centime, Toyota a remis les comptes de l’usine d’Onnaing (TMMF) en positif. Et l’usine, qui était présentée comme déficitaire depuis des années, est maintenant devenue bénéficiaire de 28 millions d’euros. Et ce, malgré 60 millions d’euros de royalties qu’elle verse directement au groupe Toyota.... royalties qui passent directement à la case bénéfices des actionnaires, sans passer par la case impôts !
En se basant sur les chiffres officiels de la direction, chaque salarié, intérimaires compris, aurait rapporté 22 000 euros de bénéfice net en 2014, mais c’est certainement bien plus en réalité.
L’astuce, légale car ce sont les patrons qui dictent les lois, c’est que les voitures fabriquées à TMMF sont vendues à Toyota Motor Europe (TME), filiale belge de Toyota, pour 10 000 euros en moyenne par véhicule. TME les revend ensuite aux concessionnaires Toyota qui, à leur tour, les vendent entre 16 000 et plus de 21 000 euros. Cela a permis à Toyota de mettre artificiellement TMMF en déficit pendant des années et de déclarer les bénéfices en Belgique, où les impôts sont réduits à presque rien pour les multinationales. C’est cette même manipulation comptable qui permet à TMMF de ne déclarer « que » 28 millions d’euros de bénéfice cette année.
Alors, avec des conditions de travail dégradées, des salaires insuffisants, des primes minables suspendues au bon vouloir de la direction, et le baratin sur les comptes de l’usine qui continue, la coupe est pleine !