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Dans les entreprises
Intermarché : un pour tous, tous pour un contre les Mousquetaires
Il y a quelques jours, Intermarché a annoncé qu’il allait fermer six bases logistiques : trois en Bretagne, une en Normandie, celle de Levet dans le Cher et celle d’Avermes à côté de Moulins.
En tout, cela entraînerait 848 licenciements, et la création de seulement 241 emplois dans les bases nouvelles et plus modernes qui seraient créées.
À Moulins, où ne sont traités que les produits frais, 250 travailleurs vont perdre leur emploi en 2018. Une nouvelle base ultramoderne regroupant les produits frais et les produits secs va se créer à Bourges, à 100 kilomètres de Moulins. Mais il n’y aura que 292 postes, et les 202 travailleurs de la base de Levet sont aussi concernés. Pour l’instant, la direction n’a pas dit qui pourrait aller à Bourges ni dans quelles conditions.
Les travailleurs de Moulins ont réagi par une grève de trois jours, réclamant que des négociations s’ouvrent pour savoir dans quelles conditions ils allaient être licenciés, avec quelles indemnités et quelles conditions pour le déménagement s’ils vont à Bourges ?
En 2000, quand Intermarché a installé sa base à Moulins, il a bénéficié de 1,3 million d’euros de subventions de l’agglomération, du conseil général, du conseil régional et de l’Europe. Il vient de toucher au plan national 14 millions d’euros au titre du CICE. Ce crédit d’impôt, qui devait prétendument servir à embaucher, est distribué malgré les licenciements.
D’autres actions sont prévues à la mi-mai, au moment où la direction devrait dire ce qu’elle propose aux travailleurs licenciés. Les travailleurs devront se faire entendre pour imposer que la direction paye des indemnités conséquentes. Leurs trois jours de grève ont vidé les rayons de plus d’un magasin et ont montré qu’ainsi ils peuvent se faire craindre.
En Bretagne
Les trois plates-formes logistiques d’Intermarché qui vont être supprimées en Bretagne sont celles de Rostrenen (Côte-d’Armor, 190 salariés), Saint-Gérand (Morbihan, 185 salariés) et Mellac (Finistère, 46 salariés). Pour les travailleurs, c’est un coup de massue, comme le relate le quotidien Ouest-France lors d’un reportage à Rostrenen. Mais c’est aussi une provocation. Ainsi, les travailleurs de la base de Mellac qui habitent dans la commune et dans les villages alentour devraient faire plus de deux heures de route le matin pour rejoindre leur nouveau lieu de travail situé à Erbrée en Ille-et-Vilaine, et deux heures encore au retour. C’est dire que les patrons n’ont aucune intention de reclasser les travailleurs mais veulent supprimer le plus de postes possible.
Dans l’Orne
Il en est de même à Magny-le-Désert, dans le nord du département de l’Orne, où travaillent près de 150 travailleurs. L’annonce de la fermeture du centre en 2018 a créé la stupeur. Le transfert des activités sur la nouvelle base d’Erbrée, à 1 h 20 de route, et sur la base actuelle de Louviers, à 2 h 20 de route, a été ressentie comme une volonté de licencier tout le monde. Les travailleurs ont protesté contre la fermeture de la base par trois jours de grève.
À l’échelle du groupe, c’est le troisième plan de « modernisation » de la logistique engagé par les actionnaires. En dix ans, de 2003 à 2013, 1 500 postes ont été supprimés pour leur plus grand profit. Mais les 8 500 travailleurs de la logistique et les 130 000 travailleurs du groupe représentent une force qui aurait les moyens de se faire entendre des capitalistes propriétaires des magasins et de l’ensemble des sociétés qui composent le groupe Intermarché.