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Leur société
Congrès socialiste : de la solubilité des oppositions
En octobre, Martine Aubry avait fait mine de critiquer la politique économique du gouvernement et tenté de s’imposer comme tête de file d’une opposition de gauche à l’intérieur du PS. Mais, à l’occasion de la préparation du prochain congrès, elle vient de rallier les partisans de Hollande et Valls, en signant la motion de Cambadélis, le premier secrétaire du PS, et non celle que présentent les « frondeurs », ces députés socialistes qui ont pris leurs distances avec le gouvernement sans toutefois jamais rompre avec lui.
Ceux qui avaient à l’époque salué les critiques d’Aubry, et présenté comme une perspective de changement de possibles regroupements à la gauche du PS, lui reprochent aujourd’hui de rentrer dans le rang ou même de capituler. Ce sont de grands mots pour une réalité plus terre à terre. D’abord, rien dans ces gesticulations à l’aile gauche du PS ne représente une perspective de changement, car elles ne remettent en cause ni les attaques contre les travailleurs, ni l’argent distribué au patronat. Ensuite, ce qu’on constate avec Aubry, comme avec Fabius il y a quelques années ou avec Montebourg plus récemment, c’est que les prises de position « oppositionnelles » de chefs de file du Parti socialiste ne sont généralement que des calculs personnels sans signification politique, même minime.
Montrer son indépendance par rapport au gouvernement, pour ne pas subir son discrédit et soigner sa popularité, tout en ne se coupant pas des milieux dirigeants et en ne critiquant pas le fond de la politique menée au service du patronat, c’est tout un art. Cela explique qu’Aubry peut à l’automne vouloir un « choc d’égalité » et, au printemps, trouver très positives les quelques phrases vaguement sociales de la motion Cambadélis concernant le « compte personnel d’activité » ou « le retour du service public dans les zones rurales désertifiées ». On ne sait pas si cela mènera Aubry quelque part, en tout cas cela ne fait même plus illusion.