Égypte : Égypte : La lutte des employés de la distribution du pain18/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2433.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Égypte : Égypte : La lutte des employés de la distribution du pain

La distribution du pain subventionné, une nécessité vitale pour des millions d’Egyptiens pauvres, est un service mis en place par l’État depuis une dizaine d’années. Depuis 2012, le gouvernement a instauré un système de cartes remises aux familles disposant de revenus mensuels inférieurs à 1 000 livres égyptiennes (120 euros), ce qui est le cas de nombreuses familles ouvrières. Base indispensable à l’alimentation, une galette de pain est subventionnée à 5 piastres (0,05 LE), près de dix fois moins que son coût de revient.

Ce système a rationalisé la distribution du pain, évitant les attentes interminables ou les émeutes aux boulangeries, tout en permettant aux pouvoirs publics d’économiser sur ce poste, en éliminant les consommateurs « fraudeurs ». Sur les 30 millions d’Égyptiens consommateurs de pain subventionné il y a quelques années, seuls 15 millions continueraient à y avoir droit. Au fur et à mesure de sa mise en place dans les divers gouvernorats du pays, ce système est aussi devenu un moyen d’économiser sur la main-d’œuvre, et précisément sur les salaires des milliers d’employés occupés à distribuer le pain dans les villages, et à percevoir la taxe mensuelle de 4 LE donnant accès au pain subventionné. Tout cela pour une paye mensuelle de base de 500 à 700 LE (62 à 87 euros).

Ainsi, depuis début janvier, les 3 670 employés de la distribution du pain du gouvernorat de Beheira, dans le delta du Nil, ont été avertis que la plupart d’entre eux allaient perdre leur emploi. Le directeur du service leur promettait vaguement qu’ils percevraient leur salaire pendant trois mois encore, charge à ceux qui le pourraient de se débrouiller ensuite auprès des consommateurs trop âgés ou trop éloignés pour leur apporter le pain moyennant une petite rétribution.

Le 13 janvier, ces travailleurs se sont rendus à 1 700 au Caire (à plus de 200 km) pour manifester leur colère devant le siège du Premier ministre. Accueillis par la police, les trois délégués désignés pour porter leurs revendications auprès du ministre ont été arrêtés. Fin février, ces travailleurs n’en ont pas moins occupé les bureaux de la municipalité de Kafr al-Dawar, afin d’exiger d’être reçus par les élus, responsables de leur situation.

Le chômage touche officiellement 13 à 14 % de la population en Égypte, plus du double en fait, selon des militants ouvriers. Malgré cela, les pouvoirs publics licencient sans vergogne des milliers de travailleurs, les privant ainsi que leurs familles d’un salaire déjà insuffisant.

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