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Leur société
Béziers : un maire nostalgique des colonies
Depuis son élection il y a un an, Robert Ménard, maire de Béziers élu avec le soutien du Front national, multiplie les provocations réactionnaires. Un mois après sa campagne de publicité pour l’armement de la police municipale, il vient de faire débaptiser la rue du 19-mars-1962, date des accords d’Évian qui avaient mis fin à la guerre d’Algérie et entériné la défaite de la France. Cette rue, située en plein quartier immigré, s’appellera désormais rue du Commandant-Hélie-Denoix-de-Saint-Marc, du nom d’un commandant d’un régiment de parachutistes ayant participé en 1961 au putsch des généraux.
Ce putsch manqué était une tentative de coup d’État d’une partie de l’armée contre de Gaulle, dont la politique s’orientait alors vers la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie. Suite à cela, Denoix de SaintMarc avait été condamné à dix ans de prison. Mais il fut gracié par de Gaulle au bout de seulement cinq ans, puis réhabilité en 1978, pour finir décoré grand-croix de la Légion d’honneur par Sarkozy en 2011, officiellement en raison de son passé de résistant gaulliste pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Dans son discours, prononcé devant un parterre de pieds-noirs scandant « Algérie française », Ménard a glorifié cet officier de l’armée coloniale et déclaré : « L’Algérie, c’est notre paradis. » Le Front national, par la voix de Louis Alliot, a soutenu cette initiative, en totale continuité avec la nostalgie coloniale d’un Jean-Marie Le Pen, lui-même tortionnaire pendant la guerre d’Algérie.
Au moment où Marine Le Pen tente de faire croire qu’elle est du côté des pauvres et des travailleurs, ce geste de Ménard rappelle, s’il en était besoin, que le Front national est un parti réactionnaire, héritier de l’OAS, partisan de l’ordre militaire et prêt à justifier toutes les horreurs perpétrées contre la population algérienne pour maintenir l’ordre colonial.