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Leur société
Réforme ferroviaire : entre banquiers et usagers, il faut choisir
La réforme ferroviaire votée l’été dernier entre progressivement en application. Une étude commandée par le Comité central d’entreprise de la SNCF a récemment détaillé certaines de ses conséquences.
La réforme prévoit 1,2 milliard d’économies supplémentaires à SNCF Mobilité (chargée de l’exploitation) d’ici 2020 par l’augmentation de la productivité du travail. Cela signifie une accélération des suppressions d’emplois, estimées à 10 000 d’ici cinq ans.
Pepy, président de la SNCF, a démenti, en prétendant que la SNCF allait au contraire embaucher. On peut difficilement être de plus mauvaise foi. La SNCF continuera certes à embaucher, même l’État grec l’a fait, mais en ne remplaçant qu’une partie des départs en retraite et donc en détruisant l’emploi.
Côté SNCF Réseau, vu l’état lamentable des lignes dont il doit assurer l’entretien, les suppressions d’emplois ne sont pas prévues avant 2020, mais après. En revanche, la réforme prévoit, là aussi sous prétexte de diminuer la dette, une économie supplémentaire de 500 millions d’euros par an d’ici 2020. La dette a bon dos puisque, en 2004, l’État a baissé sa subvention publique à l’entretien du réseau exactement de ce montant de 500 millions.
Pour combler ce trou et continuer à engraisser les banquiers, SNCF Réseau devra d’une part augmenter les péages pour l’utilisation des voies, d’autre part supprimer l’entretien des lignes secondaires.
Concernant les péages, ils ont justement explosé, entraînant une hausse du prix des billets de train depuis 1998 supérieure de 15 % à la hausse du prix des autres moyens de transport. Conséquence, la part du train a largement reculé au détriment en particulier de la voiture… entraînant la hausse des péages. Ce cercle vicieux va encore s’accentuer.
Tout cela ne suffisant pas, SNCF Réseau envisage la fermeture de nombreuses lignes secondaires. Celles-ci n’étant plus entretenues depuis bien longtemps, leur entretien ou leur régénération sont indispensables et coûteux. Les dirigeants de la SNCF préfèrent les supprimer purement et simplement et les remplacer par des autocars. Cela tombe bien, la loi Macron, la loi fourre-tout des patrons, a fait sauter le dernier verrou en permettant la libre circulation des autocars sur le territoire. Ce sont des milliers de kilomètres de lignes qui sont très directement menacés. Et tant pis pour les usagers devant renoncer aux trains non seulement régionaux mais aussi inter-régions.
La construction du chemin de fer a enrichi le capitalisme du 19e siècle. Le capitalisme sénile s’engraisse de sa destruction.