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Mali : le bourbier de l’impérialisme français
Vendredi 6 mars, à Bamako, la capitale du pays, un attentat dans un bar fréquenté par des expatriés a fait cinq morts. Dimanche 8 mars, à Kidal, une ville du Nord-Mali, des tirs de roquette sur un camp militaire de l’ONU ont tué un soldat, et aussi deux enfants qui se trouvaient dans un campement juste à côté. Deux ans après le déclenchement de l’intervention militaire française qui prétendait ramener la paix, le Mali est au bord d’un nouvel épisode de guerre civile.
En janvier 2013, l’armée française était intervenue pour stopper la progression des troupes touareg et des milices islamistes vers la capitale, et pour sauver la mise à l’armée régulière malienne qui menaçait de s’effondrer. Le président malien Ibrahim Boubacar Keita, élu dans la foulée de l’intervention française, allait ensuite tenter de négocier avec les représentants des groupes armés du Nord, en cherchant à amadouer les uns pour s’en faire des alliés contre les autres.
Ainsi, le groupe militaire Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) qui en 2013 avait pris le contrôle de Gao, une des villes du Nord, a enfanté d’un côté le groupe islamiste al-Mourabitoune, qui a revendiqué l’attentat du bar de Bamako. De l’autre, il en est sorti le groupe Gatia (Groupe d’autodéfense touareg imghad et alliés) qui est devenu un des bras armé de Bamako dans le Nord-Mali. Plus généralement, dans cette région où l’armée régulière reste retranchée dans ses camps militaires d’où elle n’ose sortir, on ne compte plus le nombre de milices qui ne cessent de se diviser et se multiplier.
Depuis plusieurs mois, le pouvoir central est en négociation avec des représentants de ces forces. Il tente d’obtenir un accord en reconnaissant une part d’autonomie à travers la création d’assemblées locales, en promettant l’intégration des milices dans l’armée régulière, et bien sûr en distribuant responsabilités politiques et bénéfices économiques aux leaders les plus conciliants.
Si début mars un document a été « paraphé », selon l’expression de certains signataires, plusieurs organisations ont cependant immédiatement annoncé qu’elles n’avaient pas pour autant « signé » cet accord et qu’elles souhaitaient d’abord « consulter leur base ». De toute façon, même dûment signé, un tel accord ne serait la garantie de rien, vu la facilité avec laquelle ces milices se divisent, se disloquent et se reforment.
Quelles que soient les responsabilités des différentes milices dans le chaos actuel, c’est l’impérialisme français qui en est la source. Car, dans cette région qui fait partie de sa zone d’influence, c’est lui qui cherche à tirer les ficelles pour maintenir sa domination, en manœuvrant directement par l’intermédiaire de ses soldats ou indirectement à travers le pouvoir malien d’Imbrahim Boubacar Keita. Et la présence de ce dernier à la manifestation du 11 janvier à Paris à la droite de Hollande suite aux attentats contre Charlie Hebdo, en était le symbole.