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- Lutte ouvrière n°2432
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Leur société
Les grands patrons et l’impôt : rien, c’est encore trop
Il est de notoriété publique que Total, le plus grand groupe privé français et celui qui dégage le plus gros bénéfice, ne paye pas d’impôt sur les sociétés les bonnes années, très peu les mauvaises. Même Hollande s’est senti obligé de dire que cela n’était pas tout à fait normal.
L’Association française des entreprises privées (Afep), qui représente les plus grands groupes privés du pays, a donc sorti une calculette magique selon laquelle au contraire plus les patrons sont gros, plus ils sont malheureux. En effet, d’après les calculs de l’Afep, bien que bénéficiant de tous les crédits d’impôt imaginables, pratiquant avec maestria l’art de l’optimisation fiscale, empochant des subventions multiples et bénéficiant des commandes d’État, les grandes entreprises paieraient tout de même plus que leur part. Et l’Afep de mélanger joyeusement la taxe foncière avec les cotisations sociales, la taxe sur les dépenses de publicité avec celle sur les véhicules d’entreprise, en ne donnant évidemment que des chiffres globaux invérifiables et en demandant qu’on la croie sur parole.
Ayant ainsi démontré que les grandes entreprises payent trop, leur porte-parole conclut logiquement en exigeant une baisse des prélèvements obligatoires. Cela ira droit au cœur des travailleurs dont les impôts augmentent, d’un retraité par exemple qui vient de devenir imposable parce qu’on a supprimé la demi-part des veufs et veuves.
Les chiffres donnés par les services de l’État disent pourtant tout autre chose. L’impôt sur les sociétés est passé de 50 % du bénéfice sous Giscard à 34,43 % aujourd’hui. Le gouvernement propose de faire encore descendre ce taux à 32 %, tout en sachant pertinemment que les grandes sociétés s’arrangent pour n’être imposées qu’à 20 % en moyenne. Et ce n’est encore que l’arbre qui cache la forêt.
En fait, toute la société est organisée en fonction de la soif de profits de ces quelques grands groupes : c’est pour eux qu’on licencie, pour eux qu’on fait les guerres, pour eux qu’on étrangle les budgets publics, pour eux qu’on baisse les salaires, les pensions et les allocations. C’est dire que la vraie justice fiscale sera rendue le jour où on les expropriera.