« L’interdit de tuer doit être préservé », ont écrit en titre de leur texte commun un cardinal catholique, le président de la Fédération protestante, le président de l’Assemblée des évêques orthodoxes, le grand rabbin de France et le président d’honneur du Conseil du culte musulman. Cette formule hypocrite fait l’unanimité chez les représentants de toutes ces religions, et c’est bien logique. Derrière leur prétendue défense de la vie humaine, il y a en réalité la volonté de peser sur un choix de société avec leurs préceptes religieux et leurs dogmes, pour entretenir l’influence morale de leurs différentes chapelles.

Évidemment, en ce qui concerne la fin de vie, aucune solution n’est simple. Et si on ne peut qu’être bouleversé par le calvaire que peuvent vivre certaines personnes que la médecine ne peut pour l’instant pas guérir, il est aussi compréhensible de se soucier des conséquences que peut avoir, dans une société qui ne jure que par le profit, chaque loi qui permet d’abréger les souffrances de quelqu’un.

L’intervention de ces responsables religieux n’affronte même pas explicitement le problème des souffrances d’une personne en fin de vie. Selon leurs religions, ce problème n’existe pas car les êtres humains doivent se soumettre à Dieu… c’est-à-dire en fait aux règles édictées par ceux qui se prétendent ou se sont prétendus ses représentants. Cela veut dire se soumettre aux préjugés d’aujourd’hui, et même d’hier, dont ils fournissent un bel exemple.