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Leur société
Hébergement d’urgence : des centrales hôtelières profitent de la misère
Chaque jour, dans la région parisienne, le Samu social doit traiter non seulement toutes les demandes qui viennent du 115, mais également celles des organisations humanitaires et celles des demandeurs d’asile. En dix ans, ces demandes quotidiennes sont passées de 2 000 à 30 000 nuitées !
Et toutes n’aboutissent pas. En Seine-Saint-Denis, dans la nuit du 10 au 11 février 2015, le 115 n’a pas pu trouver de logement d’urgence pour 83 personnes, dont 33 enfants.
Le Samu social a toujours été obligé de loger les demandeurs dans des hôtels privés. Avec l’explosion de cette demande – le Samu social occuperait désormais 15 % du total des chambres d’hôtel dans la région parisienne, toutes étoiles confondues – l’hébergement d’urgence est devenu un véritable marché. D’anciens garnis se sont transformés en hôtels d’urgence. Des hôtels de tourisme, mal situés et peu remplis, se sont reconvertis, alléchés par la garantie d’un taux de 100 % d’occupation et une gestion allégée. Certaines chaînes hôtelières, comme Formule 1 ou Balladin, s’y sont mises.
Mais le Samu social n’a plus les moyens de gérer directement toutes ces réservations. Il en sous-traite environ la moitié à des prestataires. Ainsi, six centrales de réservations hôtelières se partagent le pactole. Selon les calculs du Samu social, ces intermédiaires empocheraient environ 2 euros par nuitée, soit un minimum de 11 millions d’euros par an.
Mais ce détournement de fonds, au bénéfice de sociétés qui profitent de la misère, met en lumière la responsabilité de tous ceux qui le permettent : celle du gouvernement, dont l’incurie est flagrante face au manque cruel de logements corrects à loyer accessible par toute le population, celle des promoteurs immobiliers dont le choix est de construire des logements chers ou très chers, celle des propriétaires qui fixent des loyers exorbitants. Toute la chaîne des gouvernants et des possédants est coresponsable de cette catastrophe sociale dans le domaine du logement. Que vaut cette société, même pas fichue de donner un véritable toit à chacun ?